L'édito de MFO |
Dans quelques jours, ceux des politiques qui auront accepté de s’engager dans le processus de dialogue vont se retrouver au Palais des Congrès pour concrétiser cette volonté de discuter des affaires politiques publiques. Ce ne sera pas la première fois justement. Parce qu’il y a eu les journées de concertation de 2005, les Etats généraux de la démocratie de 2009. Il s’agira donc d’éviter de tomber dans les mêmes revers, de reproduire le même cirque et surtout, quand tout sera fini, d’oublier tout ce qui a été décidé. La grande faiblesse de 2005 a été l’incapacité pour le monde politique de faire des propositions. Ceux qui se souviennent encore de ces moments, ont en tête que toutes les propositions sont venus de chez les militaires. A part sur trois dossiers défendus par la société civile : l’esclavage, le passif humanitaire et la presse. Et c’est d’ailleurs sur ces dossiers qu’il y a eu de réelles avancées depuis. Mais toutes les propositions politiques sont venues de chez les militaires à travers le ministre secrétaire général de la présidence de l’époque Habib Ould Hemmet. En 2009, la conjoncture affaiblissait déjà le processus. Et ce n’est pas la présence du RFD aux EGD qui allait en légitimer les assises. Malgré cela, il y a eu des débats qui ont repris substantiellement 2005, en y ajoutant quelques tentatives de réflexion sur le type de gouvernement que nous devons nous choisir. Parlementaire ? Présidentiel ? Aujourd’hui, ce qu’on peut attendre de la société politique, c’est de fonder un nouveau système politique à même de répondre aux besoins et aux aspirations des Mauritaniens. Nous avons besoin de stabilité. La stabilité a un prix pour les gouvernants mais aussi pour leurs vis-à-vis. Elle implique la reconnaissance des résultats de toute élection. On doit apprendre à perdre. Pour ce faire, il faut un système électoral fiable et consensuel. Nous avons déjà la garantie de la carte d’identité infalsifiable, le bulletin unique, l’obligation de remettre les P-V des bureaux de vote aux représentants des partis en compétition, la publication à temps des listes électorales… qu’est-ce qui peut être fait immédiatement pour améliorer les moyens de contrôle et surtout ramener la confiance ? On attend une réponse à cette question. Nous avons retenu le principe d’une Commission électorale indépendante. Si pendant la première transition, son indépendance a réellement porté fruit, pourquoi avoir opté pour une CENI partisane en 2009 ? Acceptons que c’était pour répondre au besoin de l’accord international. Mais une CENI partisane ne fait-elle pas courir des risques au bon déroulement du processus lui-même ? On attend une réponse. Quelle gouvernance pour la Mauritanie ? Faut-il un Président faible et un gouvernement fort avec un Parlement qui joue les équilibres ? ou le contraire : un Président fort, un gouvernement qui lui est dévoué et un Parlement qui fait passer ? En d’autres termes que faut-il pour procéder aux rééquilibrages nécessaires à la stabilité du pouvoir ? Comment faire pour crédibiliser les institutions ? d’abord l’Etat : comment ramener la confiance et rompre avec la culture du doute institutionnalisée aujourd’hui ? Comment redonner un contenu à la séparation des pouvoirs, à l’autonomie des gestions des départements et finalement à la responsabilité individuelle ? Comment faire de la guerre contre la gabegie et toutes les formes de prédations, une demande sociale réelle et non un slogan ? comment impliquer toutes les forces dans cette guerre ? Deux autres questions devront nécessairement être discutées par ce conclave : la question de l’esclavage et celle de l’éducation.Comment mettre à contribution tout ce qui a été fait par les ONG’s de lutte contre l’esclavage, mais aussi les chercheurs indépendants, pour exécuter une stratégie en vue de l’éradication des pratiques existantes et de la prise en charge des séquelles de cette pratique ? comment apaiser le traitement de la question en le sortant du champ politique vers le champ social ? Quelle école pour le Mauritanien de demain ? quels correctifs en matière de formations pour celui d’aujourd’hui ? quels moyens pour cela ? Il ne faut pas qu’au lendemain des journées de dialogue, on se retrouve en train de nous reposer les mêmes questions. Refusant d’adopter une démarche ou une démarche. Il faut avancer et pour cela il faut proposer. La Tribune N°564
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Lundi, 12 Septembre 2011 14:50 |