Ce qu’ignore Aziz |
« La politique n’est l’art de l’avenir qu’en sachant d’abord être celui du présent » J.F.Revel
Le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz devrait adresser un discours à la nation au lendemain des émeutes de Kaédi. Qui l’a dissuadé encore ? Qu’allait-il dire ? Qu’il parle… Qu’il se taise… la situation a pris une autre proportion, car il eut mort d’homme dans la vallée. L’adolescent Lemine Mangane (19 ans) a été abattu par un gendarme. Ce dernier sera-t-il jugé avant que les populations de Maghama se révoltent contre son impunité ? Dans cette situation chaotique, beaucoup de choses échappent au Président de la République. Avec lui, la Mauritanie tend vers un régime autoritaire, car selon les observateurs et certains éditorialistes tous les ingrédients sont réunis. Tout le monde s’accorde à dire que le pays est présidé par un homme pour lequel « l ’Etat se limite à sa personne et uniquement ». Car, en dehors de lui, nul autre ne connait la Mauritanie et les mauritaniens. Ce n’est un secret pour personne, Aziz est un « Louis XIV» moderne. Depuis son coup de force en août 2008, il s’est lui-même arrogé le statut d’un « homme fort », « d’un putschiste-politique » et d’un « militaire-machiavélique ». La preuve se justifie. Le Président ordonne à son Ministre de l’intérieur d’affirmer dans une conférence de presse : « que toute personne (jeunes négros-mauritaniens) attentant à l’ordre public sera sévèrement réprimée ». C’est ainsi qu’un fort dispositif militaire a été envoyé dans la vallée rien que violenter les fils de cette nation épris de retour de justice sociale en Mauritanie. Que certaines personnalités politiques et des notables négro-mauritaniens rentrent au bercail en pompiers-pyromanes. Que Mohamed Ould Boilil sillonne les camps réfugiés pour ouvrir des centres d’enrôlement réservés à la population rapatriée. Que ceux-là soient enregistrés une deuxième fois pour prouver encore qu'ils sont réellement ce que Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait entamé leur retour en Mauritanie en 2007. L'Etat n'a-t-il pas confiance à ces deux partenaires à savoir le Haut Commissariat aux Réfugiés ( HCR) et l'Etat Senegalais? Que cherche-t-on dans le double-recensement des rapatriés? Qu’un Ouléma soit dépêché en catimini à Dakar pour mettre fin à la crise du transport entre les deux pays. Que les agents de renseignements cherchent à tout coup de justifier une main étrangère dans la mobilisation des jeunes négros mauritaniens. Tous ces agissements y comprises certaines machinations politiciennes montrent à tel point que l’homme sait donner des ordres sans consultation aucune. En fin « connaisseur » des rouages politiques de la Mauritanie, il pense qu’un simple enrôlement de la population va rétablir « un ordre dans l’administration civile ». Il a oublié que les papiers de l’Etat civil ont été utilisés comme un fonds de commerce à Nouakchott et à travers toutes les contrées du pays. On achetait un Acte de Naissance, comme s’il s’agissait du pain chez le boutiquier. Et la nationalité mauritanienne, on la marchandait avec des « samsara » au marché, comme s'il s'agissait d'une gazra. Dans les bureaux des services de l’Etat civil National, le tumulte avait atteint son paroxysme. Les fonctionnaires avaient quasiment plus de prérogatives chez eux que dans leurs lieux de travail. Il fût une époque où le préfet ordonnait à son subalterne à signer et d’apposer des cachets sur les papiers des citoyens lequel pouvait entrer en contact avec les reseaux des passeurs de l'immigration clandestine. A monsieur le Président et à son ministre de l'intérieur on demande qui était le responsable ? L’Etat ou les négros-mauritaniens humiliés aujourd’hui par des questions chauvines ? Non, beaucoup ne le pense pas. Les responsables demeurent toujours sous la protection de la tribu, du clan ou par un officier de l’armée. Il faut les trouver et les traduire en justice. Voilà la véritable cible.
Aziz ignore ou pas que notre Etat Civil se vendait comme des petits pains. Donc ,il ne faut pas cibler une communauté et la rendre responsable des forfaits commis par des fonctionnaires-commerçants. Cet enrôlement ne doit pas saboter certains acquis de notre unité nationale. Notre Etat est encore fragile pour supporter une déchirure ethnique. L’on voit les prémisses d’un chaos qui s’installent. Aziz ignore que l’emprisonnement arbitraire des militants pacifiques est la marque des régimes totalitaires. L’arrestation des étrangers et leur jugement à des lourdes peines de prison est une provocation diplomatique et une violation de certaines règles du droit international. Un marchand ambulant est un petit commerçant qui vaque à la recherche de son pain quotidien. Comment peut-on le confondre à un indigné ? Une justice qui envoie arbitrairement des étrangers en prison n’est qu’une justice xénophobe. Que l’Etat mauritanien n’oublie pas que dans d’autres pays, l’exécutif peut aussi influencer sur l’appareil juridique et qu’en Afrique, tout est possible. Et nos citoyens sont partout en Afrique. Concernant ces étrangers, aucun journaliste n’a confirmé leur implication dans les manifestations organisées par le mouvement TPMN. Aziz ignore qu’être un Président démocrate consiste à prendre en considération les opinions des tous les citoyens et mêmes de ses détracteurs. Dans une République digne de ce nom, le Président devrait écouter toutes les tendances afin de trouver un consensus national gage de sa stabilité politique. Or, s’afficher avec une stupide sourde oreille, tout en discréditant les autres, confère pour le président-auteur de ce comportement une attitude autoritaire. Aziz ignore que même sous une dictature, il vaut mieux caresser le peuple au lieu de le violenter. Car à long terme, le peuple s’adapte au pire. Il finit par intérioriser la violence et les exactions sommaires. Ce qui est le cas me semble-t-il dans certains pays arabes actuellement envahis par des mouvements révolutionnaires. Cependant, le discours largement relayé par les jeunes négros-mauritaniens à travers les réseaux sociaux en dit long. Quand la peur disparait, elle se transforme en héroïsme. L’acteur social devient un héros devant son bourreau. Et la mort se substitue tout simplement à un acte de sacrifice. Combien parmi ces jeunes-là voudront suivre le même sort Djiguo Tapsir ? Combien d’adolescents veulent mourir en martyrs comme Lemine Mangane. Nous n’en arriverons peut-être pas à cette lugubre situation . Cette fois, les années du sang épargneront-elles le peuple opprimé? Mais à défaut d’obtenir une histoire nationale, l’individu peut se créer son propre histoire. Il n y aura pas non plus un Hara kiri communautaire, comme d'autres s'immoleront par le feu... Aziz ignore que pour conserver son pouvoir le plus long temps possible (mandats constitutionnels) , il devrait impérativement écouter les jeunes du mouvement TPMN avant que la « rue noire » sont inondée par le sang des martyrs innocents pour lequel il sera tenu responsable comme Taya devra repondre pour les exécutions des années 89-90.Son égo-militaire, son esprit patriotique, sa responsabilité politique et morale et sa sensibilité diplomatique et régionale, ne devraient pas céder devant son « égoïsme ethnique » et « sa fibre tribale ». Aziz ignore que la première crise identitaire des années 60 n’est pas jusqu’ici résolue, c’est celle-là même qui nous rattrape aujourd’hui. Ce n’est ni par la démagogie, ni par la langue du bois, encore moins par le refus du dialogue de la part des parties concernées que cette crise identitaire sera résolue. La Mauritanie n’est pas une caserne militaire, elle n’est pas non plus un terrain idéologique. Elle est une nation biraciale et multiculturelle. Elle ne supporte plus la division. Arrêtez ce recensement au nom de la paix sociale. Bâ Sileye
Urgent : Permettez-moi chers lecteurs d’attirer votre attention sur un fait urgent. Car, il est de notre devoir d’informer l’opinion publique sur l’actualité nationale. La vie du jeune citoyen et leader au sein du mouvement Ne touche pas à ma nationalité Bocar Bathilly est en danger. Il a été gravement atteint au niveau des mâchoires lors de la manifestation de Kaédi au cours de laquelle à cause d’un complot ourdi par certaines autorités locales, il a été remis aux forces de l’ordre. C’est ainsi que les éléments de la police anti-émeute l’ont sauvagement brutalisé provoquant des traumatismes partout dans son corps. Nous avions tenté à le joindre par téléphone pour prendre plus d’informations concernant sa situation, mais hélas Bocar Bathilly n’est pas en mesure de prononcer un mot. Son pronostic vital est en jeu selon un proche. L’aide de l’Etat, l’unique responsable de cette forfaiture, se limite à l’achat des ordonnances, a-t-on appris de sources bien informées. Le cas de Bathilly mérite une évacuation urgente afin de lui offrir des soins nécessaires et le faire sortir de son calvaire quotidien. Et si l’Etat s’entête toujours pour procéder à so, évacuation dans certains pays de la sous région, on se joint à sa famille, en lançant un appel à attention des personnes de bonne volonté. |
Vendredi, 14 Octobre 2011 22:17 |