L'édito de MFO |
L’année sera dure. Pas seulement à cause de la crise mondiale qui risque de s’aggraver entraînant la faillite de pays de plus en plus proches de nous. Après la Grèce, on s’attend à l’effondrement de l’Italie, l’Espagne n’est pas sauvée, tout comme le Portugal. Tandis que la France s’installe dans le doute. Dans les pays où l’on s’est préparé à contenir le choc, la situation est des plus précaires. Mais qu’en sera-t-il des pays comme le nôtre, des pays englués dans des polémiques politiciennes qui n’en finissent pas de commencer, des pays qui ne produisent pas la betterave qu’ils consomment, le riz qu’ils mangent, la carotte, l’oignon, la conserve…, qui ne fabriquent pas les habits qui couvrent les hommes, les composants des machines qu’ils utilisent…, qu’en sera-t-il de ces pays ultra-dépendants des autres ? Plus que partout, c’est en Mauritanie où le challenge est le plus grand. La sécheresse qui s’annonce déjà aura fatalement un impact sur la vie des populations. Non seulement celles qui vivent encore de l’élevage et de l’agriculture, mais aussi les citadins – repus ou non. Il faut s’attendre à un exode rural massif, donc une pression plus grande sur les villes déjà hypertrophiées. La famine ne sera probablement pas un mal de campagne, mais gagnera les villes. La solidarité sociale qui a toujours atténué la pauvreté de la masse, s’effritera nécessairement devant la raréfaction des biens de consommation et des possibilités des plus forts. Voir l’année en noir, c’est ce qu’il faut. Surtout si l’on y ajoute l’accumulation des effets de la mal gouvernance des dernières décennies. Premier réflexe : se préparer. En déployant des dispositifs dotés de moyens pour intervenir dans les zones où il le faudra. En trouvant des activités économiques de «remplacement» pour les populations rurales qui risquent de ne pas vivre le probable choc environnemental comme une fatalité mais comme une erreur du gouvernement pour (ré)agir en conséquence. Deuxième réflexe : travailler pour renforcer le front intérieur en impliquant le plus grand nombre des acteurs politiques et économiques. Le dialogue en cours est une occasion à ne pas rater pour pousser vers une convergence plus grande. Faire le maximum pour donner toutes les chances à la réussite du dialogue dont les résultats doivent ouvrir les horizons de la participation politique. Réhabiliter le processus électoral par le rétablissement de la confiance des acteurs. Réformer les textes de base de façon à créer un véritable système politique. Laisser toutes les portes ouvertes à ceux qui veulent bien participer à la refondation d’un nouvel Etat. Troisième réflexe : réinventer les outils de contrôle de gestion, en étendre les prérogatives et relancer le choix de la lutte contre la gabegie et les prédateurs. Pour cela, réformer au plus vite les textes et règlements régissant l’Inspection générale d’Etat, la Cour des Comptes, l’Inspection des finances et toutes institutions de contrôle interne. Relancer la notion de crime économique et sa répression en donnant plus d’autonomie au commissariat chargé aujourd’hui de la chose. Quatrième réflexe : casser la dynamique attractive de Nouakchott pour éviter de vider l’intérieur au profit d’une ville de plus en plus informe. Pour ce faire continuer la délocalisation des écoles, instituts, facultés, sociétés et administrations spécialisées. Tout ce qui peut l’être doit être transféré à l’intérieur du pays. Mais, en même temps, suspendre – ou accélérer pour en finir – les lotissements dans les périphéries de la ville. Un terrain obtenu aujourd’hui à Nouakchott peut rapporter plus qu’une maison construite à Néma. Cinquième réflexe : instituer le service national au plus vite pour occuper les milliers de jeunes mal formés dans des écoles qui ne dispensent plus d’enseignement de qualité. Un service national sous forme d’obligation pour tout diplômé de se rendre utile dans une région de l’intérieur qui ne soit pas la sienne et pour une période significative. Encourager ainsi l’intégration, les échanges entre Mauritaniens d’horizons divers. Agir et vite. Clore au plus vite le dossier politique qui continue de retarder la marche du pays. Libérer des contingences politiques pour produire. Produire, la seule activité qui vaille. Source : La Tribune N°569 du 16 octobre 2011
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Lundi, 17 Octobre 2011 11:35 |