Le président mauritanien a reçu à Nouakchott cette semaine dans son palais Mohamed Salem Salek l’émissaire de la RASD en présence du chef de la diplomatie mauritanienne au moment où ses relations avec le Maroc ne sont pas au beau fixe. Ce rapprochement avec le Polisario inquiète les observateurs et au de-là le Maghreb secoué en 2011 par le printemps arabe.
Ce geste de Ould Aziz rompt la neutralité de Nouakchott sur l’autodétermination du peuple sahraoui affichée depuis 1978 avec l’avènement des militaires au pouvoir et risque à long terme d’assombrir le ciel entre Nouakchott et Rabat. A tel point de compromettre l’avenir entre les deux capitales.
L’histoire est un éternel recommencement. Ce vieil adage universel pourrait s’appliquer à la Mauritanie et le Maroc qui sont peut être entrain de réveiller les vieux démons de la décolonisation du Sahara occidental.
En recevant en grande pompe dans son palais ce début de semaine l’émissaire saharaoui Mohamed Salem Salek, le président mauritanien prend des risques et n’affiche plus sa neutralité sur la république arabe sahraoui et démocratique. Jusqu’à la dernière minute de son séjour dans la capitale mauritanienne à l’occasion du 2ème congrés du parti islamique Tawassoul, le ministre d’Etat marocain sans porte feuille Abdellah Baha a été totalement ignoré par le locataire de la Maison brune.
C’est le deuxième refus camouflé du chef de l’Etat sur le terrain diplomatique en l’espace de quelque semaine après un non recevoir du chargé d’affaires marocain à Paris pendant qu’il se soignait à l’hôpital de Percy suite à l’incident de Tweila à Nouakchott que certaines sources qualifient de la main du royaume chérifien exécutée par un officier mauritanien.
Cet épisode de relations froides entre Nouakchott et Rabat intervient au moment où les Nations Unies viennent d’adopter une résolution favorable à l’autodétermination du peuple sahraoui. Un camouflet pour Rabat et une victoire pour Alger qui abrite le Polisario depuis la proclamation de la RASD en 76 et qui permet de renforcer l’axe Alger-Nouakchott que redoutait depuis des années Rabat. En effet le Sahara occidental est un dossier politiquement explosif. A tel point que l’avenir des relations entre le Maroc et la Mauritanie pourrait être compromis. Ould Aziz se fracture tout seul sur le rôle de la Mauritanie dans ce conflit saharien.
Le clash est désormais possible entre les deux capitales qui n’ont pas intérêt à raviver un débat plus que séculaire qui a traversé même le continent africain sur l’autodétermination des peuples, principe fondamental de l’Union africaine. L’organisation panafricaine avait d’ailleurs reconnu la RASD il y a plus de 3 décennies d’où la sortie du Maroc. Son différend avec l’Algérie ne date pas d’aujourd’hui.
En tournant le dos au Maroc Ould Aziz mise sur le voisin puissant l’Algérie mais risque de marcher sur des œufs et la moindre glissade serait fatal aux mauritaniens qui ne comprennent pas ce retournement de situation. Pas plus que les observateurs qui constatent que le numéro un mauritanien est assis sur trois volcans dont l’éruption s’avèrera une hécatombe .Il s’agit du Sahara occidental de la crise malienne et des différends avec le Sénégal.
Pour l’instant le Front Polisario a réussi à brouiller les cartes mais pas encore une capitulation de Ould Aziz. Entre le Maroc et la Mauritanie c’est comme entre l’écorce et l’arbre. Personne ne peut y fourrer son doigt. C’est aussi bien valable pour le Mali et le Sénégal.
|
Vendredi, 28 Décembre 2012 20:54 |