Nouvelle bourde du très controversé Capitaine Breyka Ould M’bareck |
Un petit historique sur l’origine du mot « hartani ». Par définition un «hartani» (dont le féminin est hartanya) désigne un ancien esclave ou descendant d’esclave devenu libre (har) et qui vit dans un adabaye (village dont les cases sont en banco et dont l’appellation arabe veut dire : « lieu de rééducation »). Quant au suffixe « tani », il s’agirait d’une déformation du mot arabe « tini » (de banco ou d’argile). En effet, regroupés et isolés dans leurs villages (adwaba) les harratins n’étaient pas considérés comme propriétaires des terres sur lesquelles ils vivaient. Leurs anciens maîtres considéraient ces terres « argileuses » comme faisant partie de leurs territoires. Et quand ils récoltaient le grain cultivé autour de leurs villages au moins un dixième des récoltes était dédié à leur anciens maîtres. Et, aux plus forts moments du commerce de la gomme c’étaient aux Harratins que revenait la tâche pénible de retirer les écorces des troncs d’acacias gommiers pour faire pousser la gomme. Mais ils n’en tiraient que des profits insignifiants eu égard à leurs efforts.
C’étaient les maîtres qui négociaient le prix de la gomme sur les comptoirs tenus par les marchands occidentaux sur les rives du fleuve Sénégal et qui empochaient le prix de la vente et les coutumes fameuses versées par la France avec. Confinés dans leurs villages, surveillés par leurs anciens maîtres, les Harratins ne pouvaient s’épanouir d’aucune façon. Ils étaient pour ainsi dire tout sauf des hommes et des femmes libres. Mais pourquoi donc leurs maîtres les avaient-ils envoyés dans ces adwabas. Tout simplement parce que les maîtres ne gardaient devant leurs tentes qu’une seule famille d’esclaves, réduite au plus à 3 ou 4 individus par famille (tente) mauresque. Tous les autres : les vieillards, "les rebelles" et tous ceux dont les maîtres n’avaient pas besoin de leurs services étaient versés dans les fameux adwabas où ils devraient survivre de ce que la nature leur donnait. Car même l’élevage, sauf au plus quelques chèvres, leur était interdit. Et quand arriva le colonisateur français, en 1909, il découvrit un vaste territoire où la main-d’œuvre ouvrière était inexistante. Et ce sont les harratins des adwabas qu’il va « réquisitionner » de force, pour bâtir les premiers postes, les premières écoles, creuser les premiers puits « en dur », dresser des barrages, exploiter les premières mines et construire les premières pistes tracées par la société française Colas (le « leader mondial de la construction des routes » : http://www.colas.com/fr-950095.html). On peut donc affirmer, sans risque d’être traité de menteur que ce sont les Harratins qui ont construit la Mauritanie à la sueur de leurs fronts et avec la force de leurs bras ! Il est donc normal que des harratins se battent aujourd’hui pour obtenir en retour, dans leur patrie et hors de celle-ci, ce qui leur est dû !
Quant à l’arabité des Harratins plusieurs siècles l’attestent. En effet on définit comme arabe celui dont la langue maternelle est l’arabe ou une langue dérivée de l’arabe. Mais il n’en demeure pas moins que leur origine est bien négro-africaine. Tout comme les afro-américains ont aujourd’hui pour langue l’américain, élément essentiel de leur américanité. Mais l’on ne peut nier leur origine africaine et noire. Quant aux arabes noirs, il en existe partout : même dans toutes les riches monarchies pétrolières il y est des princes noirs qui n’en sont pas moins arabes. Et ces arabes noirs peuplent de nombreux autres pays tels que le Soudan, La Somalie, L’Erythrée, L’Egypte, L’Irak, etc…
Ce débat est donc vraiment stérile ! Car nul ne peut être obligé à rester arabe s’il ne veut plus l’être ! Les Turcs qui avaient colonisé quasiment tous les mondes arabes et qui avaient adopté l’alphabet arabe durant plus de dix siècles, à l’instar des Perses (Iraniens qui l’utilisent encore aujourd’hui) ont choisi l’alphabet romain en 1923 et brûlé, au feu, les innombrables manuscrits arabes, patrimoine de l’humanité, hérités notamment de la civilisation arabe et musulmane andalouse. Mais quand bien même, les Turcs renonceraient-ils aujourd’hui à l’Islam, cela ne fera pas d’eux des Européens pur jus ! On peut, peut-être, trouver intérêt à nier sa condition, mais on ne peut pas effacer l’histoire ! L’histoire, notre histoire commune doit nous servir à bâtir un avenir commun apaisé où il sera garanti à chacun et à chacune de s’épanouir tout étant l’égal de l’autre devant la loi et la justice. C’est le seul combat qui mérite d’être mené. Tout le reste n’est que vanité, des vanités et fuite de vent !
Deyloule |
Mardi, 15 Février 2011 18:07 |