Avec les émeutes de Kaédi, la Mauritanie pouvait - a failli - revivre les événements de 89 et même pire |
Les émeutes de Kaédi pouvaient, effectivement, replonger la Mauritanie, dans les années de braise. En parlant de la cause de ces récents événements, qui ont eu lieu à Kaédi, nombreux sont ceux qui ont parlé de fait « anodin » ou, et surtout, d’«incident banal » . Ce dernier fait penser à la cause de la catastrophe - à « l’ incident banal » - qui se produisit, en 1989, entre un berger et un agriculteur. Jusqu’où cette banalité a mené le pays ? A cause d’un incident aussi ordinaire et fréquent, entre berger et agriculteur, le pays s’est enflammé. A cause de cette banalité, il y a eu, entre autres, des meurtres, des violences (physiques et psychologiques), des viols, une accentuation de la division nationale, un avortement (du projet) de la paix et de l’unité nationales, une fissure, une peur et une méfiance raciales et un problème de cohabitation intercommunautaire. Les événements de 89 sont, peut-être, partis d’un fait « banal », comme on le dit, mais ils ont été fatals, très fatals, trop fatals ! Avec les émeutes qui ont eu lieu à Kaédi aussi, on se permet de parler de « fait ou d’incident banal ». Un fait s’est produit : un homme a levé la main sur une femme qui lui est étrangère. Il ne devait pas en arriver là, il ne devait, absolument pas, la violenter car il n’en a pas le droit et, ne doit pas, non plus, se le donner et cela quelque soit l’appartenance, l’âge de la personne (surtout âgée) et le motif. Plainte faite, justice n’a pas été rendue et c’est normal que la victime, sa famille voire TOUS les mauritaniens confondus soient déstabilisés et dénoncent ce comportement vis-à-vis des hommes de lois qui ont failli à leur devoir. Mais la question que je me pose est la suivante : est-ce-que les émeutiers avaient-ils, eux-aussi, le droit ou devaient-ils s’en prendre aux maures qui ne sont pas concernés par cette affaire ?
Autant le maure - l’employé de la boutique - n’avait pas a giflé la femme peulhe, autant les négro-mauritaniens (les émeutiers), aussi mécontents soient-ils face à cette situation, ne devaient pas généraliser, ne devaient pas s’en prendre aux autres maures innocents (blessés et pillés). Faisons la part des choses. L’acte de ce maure est une responsabilité personnelle, individuelle, qui n’incombe qu’à lui et seul lui doit en répondre et en assumer l’entière responsabilité. On ne peut pas et, ne doit pas, non plus, attribuer cet acte à tous les membres de sa communauté, de son entourage, de sa famille et même pas à son frère jumeau (s’il en a). Ainsi, les kaédiens pouvaient, auraient dû manifester pour marquer leur mécontentement mais ils ne devaient pas s’en prendre aux autres maures. Cet incident, considéré comme étant, « banal » est, selon moi, plus grave que celui de 89. Quel est le schéma de ces événements ? Il pourrait se permettre de le dessiner ainsi : violence faite à une femme négro-mauritanienne, réaction de la communauté de cette dernière (entraînant des blessés et des pillages), l’intervention des hommes de lois considérée comme étant partie prise (un communautarisme), des informations (vraies et fausses) ont fait les tours des médias et de la Mauritanie, les cœurs des uns (maures) et des autres (négro-mauritaniens) se sont approvisionnés de haine et, ont été envahis par l’émotion prenant, parfois voire souvent, le dessus de la raison (réduisant la capacité de réflexion), les « soucieux » se sont sentis dans une position d’instabilité et d’insécurité... Après tout ce brouhaha, la Mauritanie retrouve petit à petit la « paix », sa « paix », une « paix » remise en question par le moindre éternuement telle qu’une herbe qui ne peut résister au vent. Heureusement que la chaîne s’est, plus ou moins, « interrompue », « arrêtée» là. Par la grâce de Dieu et lounage à Lui. Elle pouvait continuer. La suite du schéma pouvait donner naissance par réaction, dans d’autres villes du pays, à des émeutes et des affrontements entre maures et négro-mauritaniens ouvrant ainsi la porte d’une guerre intercommunautaire ou raciale inédite qui aggraverait la situation de notre pays. Les pays en guerre, à travers le monde, nous suffisent d’exemples pour nous représenter une suite approximative du schéma. Ainsi, avec ces événements, la Mauritanie pouvait et, a failli revivre les périodes antérieures atroces, celles des pages sombres de son Histoire dont les séquelles rongent toujours les mauritaniens. Ne perdons pas de vue que dans ce pays, tous les ingrédient sont réunis, comme disait l’Autre, pour qu’une guerre interccommunnautaire déclenche. Il ne reste que la goutte d’eau qui fera déborder le vase… Et à chaque fois qu’il y a un problème (aussi petit qu’il soit) intercommunautaire ou racial (tels qu’avec les émeutes entre étudiants en 2011, l’enrôlement – surtout avec la mort de Lamine Mangane et les événements de Kaédi), je m’inquiète pour ce pays, pour ma patrie et je sais que je ne suiss pa la seule. Que tout mauritanien fasse attention à lui, à ses actes et à son comportement. Que chacun se dise qu’il peut être la cause du déclenchement d’une guerre intercommunautaire et cela pourrait avoir lieu par le biais d’un « incident très banal» surtout que nos malheurs peuvent provir de la « banalité ». Si jamais cette guerre voit jour - qu’Allah ne le fasse jamais. Amine, attendons-nous à une situation pire et avec beaucoup plus d’ampleur que celle des événements 89. Si durant ces derniers, une communauté (la « Maure »), une partie d’une communauté, je dirai même, une partie minoritaire d’une communauté (l’Etat « maure ») a massacré une autre (celle Négro-mauritanienne), cela risque de ne pas d’être le cas cette fois-ci. Il serait, plutôt, question d’une guerre intercommunautaire : chaque communauté massacrerait l’autre. Une génération ‘‘intellectuelle’’ (connaissant ses droits), consciente et révoltée a émergé. Pour un ‘’rien’’, elle se mobilise et, sort ses griffes pour se défendre à plus forte raison pour des massacres qui se répéteraient et surtout à l’image de ceux de 89. On peut savoir comment et quand une guerre commence mais jamais comment et quand elle se termine. Elle peut demeurer, survivre après plusieurs générations – qui sait ? - avant de la trouver une solution « finale » et cela après un chaos national. Compte tenu de tout cela, les mauritaniens ont tout intérêt à s’aimer et à se réconcilier avec et entre eux-mêmes.Ce qu’ils doivent faire, c’est surtout d’éviter, le mieux qu’ils peuvent, tous les problèmes et, surtout, ceux banals. Il y a des conflits qui ont lieu pour des futilités, pour des choses qu’on pouvait éviter ou régler, facilement et avec toute humilité, dès le début mais à cause de l’orgueil et de la cruauté humains, on s’entête et en s’entêtant, on remet en cause, de façon consciente ou inconsciente, tout un ordre national. Est-ce une fierté de porter ce fardeau ? Est-ce une fierté qu’on dise que tu es la cause d’une catastrophe nationale et de la remise en cause d’une paix nationale ? Que tout mauritanien qui déclencherait ce conflit sache que son nom est péjorativement inscrit dans l’Histoire de ce pays et le survivra. Qu’il sache qu’il mettrait sa descendance dans une situation gênante et lamentable au point que celle-ci risque de ne jamais être satisfaite de lui et qu’il soit leur père, grand père voir ancêtres. A cause de lui, sa descendance serait, d’une manière ou d’une autre, eternellement pointé. Baye Tidiane DIAGANA. Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. |
Dimanche, 21 Juillet 2013 01:09 |