Que les élections se passent avec ou sans la participation de l’opposition n’est pas plus important pour la majorité des mauritaniens dont les conditions sociales sont très préoccupantes.
Mais que l’opposition radicale n’entre pas dans la compétition risque de rendre encore l’atmosphère plus lourde.Que vaut une élection pour des citoyens peu enthousiastes qui triment jour et nuit à la recherche de moyens de subsistance ?
Elire des députés, des maires, des sénateurs changera-t-il quelque chose au destin terrible des mauritaniens ?Mais il faut que ceux qui étaient là depuis des années quittent par la voie des urnes pour que le parlement et les conseils municipaux fonctionnent dans la légalité et que cesse pour de bon cette polémique autour de l’illégalité des élus en place.
En prenant la responsabilité de ne pas aller aux votes pour des raisons qui tiennent à des considérations politiciennes, les boycottistes ont –ils mesuré les conséquences de cette décision tant pour l’avenir de leurs formations que pour leur image auprès de leurs bases ?
Tout compte fait la COD puisque c’est d’elle qu’il s’agit, n’aura pas assez de moyens de pressions pour bloquer le processus malgré des arguments cohérents qu’elle fait prévaloir.
Par contre ce que cette coalition des forces politiques doit mettre en avant, c’est surtout le choix souverain du peuple appelé à élire ses représentants locaux et nationaux. La base peut à elle seule prendre ses responsabilités en refusant de céder aux ordres de ses structures centrales.
C’est ce scénario embarrassant qui commence à se dessiner dans beaucoup de localités du pays où les électeurs potentiels désapprouvent déjà le boycott par l’opposition des élections prochaines.
Dans ce cas, des prétendants soutenus par les bases locales qui tiennent à barrer la route à des nouveaux venus n’hésiteront pas à s’aligner sur des listes d’autres partis sur lesquels ils jetteront le dévolu.
Même si au sein de l’UPR les divergences continuent à polluer l’atmosphère politique et réveiller les démons de la contestation autour des choix opérés par le parti. C’est dire que tous les scénaris sont possibles pour ces élections qui vont consacrer le retour des vieilles méthodes qui ont encore des beaux jours devant elles.
La transparence totale est une vue de l’esprit pour ceux qui pensent que les mauritaniens ont acquis une culture citoyenne suffisante pour leur garantir une plus grande liberté de choix de leurs élus. Du côté de l’opposition non partante aux élections, l’unanimité n’est pas absolue.
Des retournements de situations sont attendus dans les jours à venir où certains partis de la COD sont en réflexion pour l’éventualité d’une participation aux élections. Qui dit qu’en prenant part aux scrutins, le camp des radicaux ne va pas rafler un nombre important de sièges et du coup avoir un poids au sein du parlement.
Le pire des scénarios serait celui où les deux instances parlementaires se réduiraient en chambre d’enregistrement en cas de boycott des poids lourds politiques de l’opposition. Et ce ne sera ni à l’honneur de la démocratie ni à la bonne réputation des leaders politiques.
Rien n’est joué d’avance dans la mesure où ce sont les réalités locales qui détermineront la suite de ces enjeux électoraux. Il est vrai que le parti –Etat est sur tous les fronts pour occuper le terrain sans pour autant avoir toutes les garanties d’engranger les voix des électeurs.
Au final , ceux qui auront choisi le boycott s’engageront dans une voie glissante qui pourrait les déposséder d’une grande partie de leurs bases. Il est nécessaire que les acteurs impliqués dans ce processus trouvent des solutions rapides pour permettre une tenue d’élections crédibles en vue de remettre en confiance les électeurs dont la plupart reste indécis au point d’être indifférents aux opérations d’inscription sur les listes électorales. Le temps file très vite…
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie)
via:http://cridem.org |
Jeudi, 29 Août 2013 10:45 |