Chers frères du flam.
Par flam, j'entends : front de liberté et d'amour en Mauritanie. Je vous écris de l'étranger, du Koweït plus précisément, pour vous dire combien un compatriote a vous, se soucie de votre situation; même a distance.

Comme ceux que vous aviez laisse derrière vous en Mauritanie en cette année noire de 1989, vous avez été les acteurs de troubles et de douleurs qui continuent à secouer dangereusement la maison familiale. Beaucoup de douleurs de malheurs, de choses atroces se sont passées chez nous en cette sombre époque de notre histoire.

Etes-vous les seuls fautifs? Certainement que non! Nous avons tous été fautifs. Nous avons tous été en deca des espoirs de nos paisibles ascendants et une déception amère pour les générations à venir.

Des générations que nous avons dressées les unes contre les autres, avant même qu'elles ne viennent au monde. Les groupes chez nous se renvoient la balle. Chacun voulant s'afficher en victime. La réalité est que personne n'est innocent dans ces drames. L'envoyé d'Allah, pour ceux d'entre nous qui sont encore musulmans a dit : " Quand deux musulmans se rencontrent par le glaive, le tueur et la victime sont tous deux destines a l'Enfer."

Quand quelqu'un lui demanda : le tueur, nous comprenons, mais la victime? Il répondit : " Il avait l'intention de tuer son frère." J'aurais certainement l'air d'un qui essaye de vous embarquer dans une responsabilité qui n'est pas la votre.

Je vous prie de ne pas penser ainsi. Comme tous les peuples de la terre, nous avons parmi nous des bons et des méchants. Ces années la, depuis 1966 ont été gérées par ceux qui pensaient très peu à l' avenir de ce pays. J'ai presque l'envie de les appeler années du diable. Satan avait fait un tres bon travail et certain l'ont suivi allégrement. Nous ne sommes pas obliges d'emboiter le pas a ceux qui sont manipules par le diable.

La question qui se pose est : quelle attitude devons-nous adapter maintenant? Vous allez voir que tout n'est pas en rose chez-vous actuellement. Vous ferez face a beaucoup de souffleurs qui essayeront de vous provoquer, de vous faire sortir de vos gongs, pour achever le travail peu noble qui a été entame dans le passe : La division pure et simple de ce pays.

Semer la zizanie au sein de ses composantes et les éloigner les unes des autres. C'est précisément sur ce point que votre maturité, votre foi en la Mauritanie unie et forte seront éprouvées.

A supposer qu'un mauritanien dépravé, vous déteste, soyez surs qu'en face de lui, et contre lui mille autres vous aiment et sentent qu'ils sont faibles et perdus sans vous. Vous êtes une composante noblement historique de cette terre et personne ne peut le nier. D'autres, comme moi sont complètement perdus, ayant une moitie de chez vous et l'autre moitie appartenant a l'autre ethnie. Deux bras d'une même personne, dont l'un veut, absolument, couper l'autre!

Les formules comme "La lutte continue", "camarade" etc., sont des termes qui consacrent les affrontements. Ici tout le monde courre derrière ses droit maure, poular, wolof, soninké… nous essayons d'avoir le même statut que tous les peuples libres et démocrates de la terre. Vous viendrez vous greffer a la masse désemparée de ceux qui essayent de changer un système qui n'a que trop fait de mal a la seule terre sur laquelle vous avez le droit de vivre sans visa.

Soyez grands. Soyez nobles. Soyez un souffle de paix de progrès de fraternité et de réussite pour ce pays. Combattez par la paix et la non-violence toute force du mal qui veut ronger par le faux le ciment national sacre. Combien j'aurais été heureux d'apprendre que votre siège a été édifié à Toujounine ou a Tenweich. Cette division à la Harlem qu'on veut imposer à nos populations n'est pas seine. Sebkha et El Mina fiefs des noirs et les maures plus a l'Est.

Regardez de l'avant. Obligez l'autre à vous respecter ou a défaut de se sentir petit devant la grandeur de votre âme. Ne regardez pas en arrière. Oubliez Taya et les "années de braise" on ne se sent pas heureux en ressassant toujours le même cauchemar. L'erreur qui fait tomber la gazelle dans les griffes du lion, c'est qu'elle regarde en arrière.

Sans oublier les victimes essayons de regarder dans le miroir du passe, pour rendre plus clair celui du présent et veiller a ce que les images qui nous seront reflétées par celui du futur, soient une source de quiétude et d'assurance pour nos enfants et nos petits enfants. La Mauritanie atteinte de blessures profondes, attend le baume réparateur de votre sagesse et de votre mesure.

Evitez les détonateurs du mal a défaut de les désamorcer. Soyez comme l'arbre fruitier, qui quand on lui jette les pierres, il répond par détacher ses fruits pour confondre celui qui l'attaque par les bas. Seules les mauvaises personnes se nourrissent de bassesses.

Vous êtes sur le point de fouler le sol national. La nation vous souhaite la bienvenue et vous demande pardon pour le passe amer. Un passe maudit qui a pris nos hommes nos femmes et nos enfants douloureusement. Vous êtes sur le point de mettre les pieds chez-vous, après une si longue absence. Comme tous ceux qui ont été longtemps loin de la maison, les enfants du pays attendent de vous des cadeaux, des jouets et de belles histoires.

Vos sœurs longtemps esseulées, attendent des frères et des époux qui apportent la joie et le bonheur des retrouvailles.

Vos frères attendent de nouveaux bras pour lutter contre les vrais ennemis de cette terre : La pauvreté, le sous développement, le tribalisme, le népotisme, l'interventionnisme, le clanisme, l'ignorance, l'inégalité des chances, et bien d'autres fléaux qui sévissent chez nous, et qui demandent votre courage et votre sérieux pour disparaitre a jamais de notre société.

Bien que n'ayant jamais appartenu, et n'ayant jamais souhaite appartenir a un parti politique, je me ferais un grand plaisir de joindre vos rangs, si un jour je vois que vous êtes venus en Mauritanie, comme viennent les grands hommes. Encore une fois bienvenue, Marhaba, Bismilla, ahlan, chez vous et qu'Allah vous préserve et nous préserve des insufflations du malin.

Amiin.

Mohamed Hanefi.
Chef de département de français. Koweit.

CRIDEM