Elections législatives et municipales : Un deuxième report tacite très discréditant |
Dans un article intitulé « Elections législatives et municipales : Cap sur…2014 », L’Authentique avait dans une analyse publiée le 9 juin 2013, prédit des scrutins qui n’auront lieu qu’en 2014. Le processus de report qui se poursuit, avec l’annonce par Conseil des ministres du jeudi 12 septembre dernier d’un nouveau renvoi tacite pour cause de prise en compte des nouvelles circonscriptions créées, et probablement d’élargissement de la CENI, semble le confirmer. Une décision qui mettra certainement dans l’embarras certains acteurs politiques qui avaient déjà affirmé avec fortes convictions et déterminations, qu’il « n’y aura plus de nouveau report ».
Alors que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient de brandir avec fierté ses 800.000 inscrits sur la liste électorale et que la plupart des acteurs politiques s’échinentdéjà pour la confrontation législative et municipale du 23 novembre 2013, voilà que le gouvernement annonce, au détour d’un conseil des ministres tenu le jeudi 12 septembre dernier, le report tacite des scrutins, probablement jusqu’en 2014, sans autres précisions. La décision serait liée à la nécessité d’accorder des sièges parlementaires à la nouvelle localité Chami (350 Km au Nord ouest de Nouakchott), ce qui expliquerait la convocation du Parlement pour la modification des textes relatifs à ces deux décisions, notamment les textes de loi organique portant élection des députés et sénateurs. Certains échos parlent aussi d’un éventuel élargissement de la CENI à la Coordination de l’opposition démocratique (COD), dans la foulée des arrangements politiques en cours pour l’amener à participer aux prochains scrutins qu’elle menace de boycotter. Ces questions devront ainsi être débattues au cours de la première session parlementaire, dans la première quinzaine de novembre 2013 et pour une durée constitutionnelle d’au moins 2 mois. Sauf, si le président de la République décide de convoquer une session extraordinaire dont la durée ne peut excéder un mois. Dans tous les cas, ces deux décisions entraîneront indubitablement une perturbation dans le calendrier électoral jusque-là adopté et dont le report fera certainement l’objet dans les jours à venir d’une annonce plus explicite. Encadré : Mode de scrutin des élections législatives Les élections législatives en Mauritanie sont dominées par le système de la proportionnelle qui a été sensiblement amélioré. Alors qu’elle ne concernait, avant le référendum de 2006 sur la Constitution de 1991 que la Wilaya de Nouakchott, Nouadhibou et Sélibaby, elle s’applique désormais à toute circonscription électorale ayant atteint le chiffre fixé à plus de 31.000 habitants. Le nombre de sièges à l’Assemblée Nationale a certes été portée à 146, mais avec les 95 sièges qui étaient de rigueur, 64 députés étaient élus suivant le système majoritaires à 2 tous, 20 sièges au scrutin uninominal à 2 tours pour 20 circonscriptions, alors que pour les 44 sièges restant, ils sont élus au scrutin de liste (2 sièges) majoritaires à 2 tours, pour 22 circonscriptions. Au niveau régional, 17 députés étaient élus suivant le scrutin de liste à la représentation proportionnelle à un tour pour Nouakchott (11 sièges), Nouadhibou (3 sièges) etSélibaby (3 sièges). La liste nationale, réservée aux partis politiques, est réservée à l’élection de 14 députés. Cette liste a été introduite pour donner aux partis politiques de nouvelles opportunités pour améliorer leur représentation au niveau de l’Assemblée Nationale. Lors des élections de 2006, 25 partis politiques ont ainsi pu siéger au sein de l’Assemblée Nationale, 11 parmi eux l’ont obtenu grâce à ce mode d’élection. Une nouvelle liste de 20 sièges pour les femmes a été créée.
Mode de scrutin municipal
La proportionnelle intégrale pour l’élection municipale a été introduite en 2006. Le scrutin est ainsi devenu un scrutin de liste la représentation proportionnelle à un tour. La répartition des sièges à pourvoir se fait à la représentation proportionnelle avec utilisation du quotient électoral et attribution des restes des sièges selon le système du plus fort reste des voix. La nouvelle donne profite dans tous les cas au camp de la COD, dans la mesure où leurs adversaires politiques, notamment l’Union Pour la République (UPR) au pouvoir, est en train de se saigner aux contacts des ravages créés en son sain par le choix de ses candidats. Les mécontentements sont en effet légions dans le camp de l’UPR, avec des craintes que les postulants non cooptés ne pensent émigrer vers d’autres partis proches de la sphère présidentielle pour se faire élire. Cela est surtout valable pour la plupart des anciens élus dont le choix n’a pas été retenu. Cet essoufflement des partis politiques en course depuis des mois pour l’échéance du 23 novembre, et qui ont déjà dévoilé leurs jokers, permettra sans doute à la COD de mieux peaufiner ses stratégies d’alliance. Avec les rebondissements sans cesse renouvelés de la donne politique en Mauritanie, les élections législatives et municipales cachent encore tout leur secret. Cheikh Aïdara
source:http://lauthentic.info
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Dimanche, 22 Septembre 2013 11:23 |