C’est en nous regardant vivre que j’ai saisi la portée des propos du regretté San-Antonio(Frédéric Dard) lorsqu’il parlait de : « L’univers de la démerde » : sans moyens ni idées. On bricole, on colmate, on tâtonne, et on recommence l’année suivante, encore et encore, et toujours au bord de l’évanouissement ! Reprenons.
Je n’ai pas cru mes yeux lorsque j’ai vu ces gros tuyaux noirs serpentant, tel boa, vers l’océan. Mais force m’a été d’admettre l’inadmissible lorsque j’ai lu : « Le coup d'envoi de la première expérience d'évacuation des eaux de pluie de la voie pour les dégager vers la mer ». Mais, pourquoi la mer ? Elle n’est pas en manque, la mer ! Et pendant que vous y êtes, pourquoi pas les enfouir sous terre ?
Si j’avais eu moi aussi la chance d’avoir été à l’école, je me serais gardé d’aller noyer ces eaux dans l’océan. Mes diplômes, références intellectuelles (et mon expérience d’homme victime d’aridité chronique) m’auraient murmuré dans le creux de l’oreille de les diriger vers les surfaces désertiques ceinturant Nouakchott...
...surfaces où j’aurais fait creuser auparavant des bassins de rétention afin de les y maintenir prisonnières, prisonnières pour qu’elles puissent me permettre, à travers l’irrigation, d’humidifier la zone, humidification qui, à son tour, me permettrait de cultiver deux carottes ou trois choux, voire un tas de navets, en plus de reboiser le coin ou d’arroser les arbustes déjà plantés.
Parenthèse à propos de « creuser des bassins ». Qui oserait nous contredire si jamais nous venions à affirmer qu’un soldat a besoin d’exercice pour garder la forme ? Et en attendant une hypothétique guerre (où certes il est prêt à sacrifier sa vie pour la nation), à quoi sert un soldat ? Et que doit-on faire du violeur récidiviste qui roupille à poings fermés en prison, nourri au frais du contribuable, quand la santé ou la vie dudit contribuable est en péril ?
Bien mieux, il est arrivé à Sankara de mobiliser tout un quartier ou un village afin d’ériger des digues ou des barrages, lui en tête ! Pour peu qu’on leur ouvre la voie, les populations du Sebkha, du 5e ou des Socogim sont prêts à mettre la main à la pâte. Je referme.
Ainsi étais-je sur le point de poursuivre, mes diplômes et références intellectuelles m’auraient également préconisé de passer sous silence l’évidence, à savoir le nombre de mes compatriotes (amoureux du travail de la terre), compatriotes présentement « désarçonnés par la vie », mais dont un tel projet pourrait remettre en selle.
« Dégager les eaux vers la mer » ? Si vous tenez tant à amuser la galerie, pourquoi pas ? Il en sera selon votre volonté ! Dommage, c’est vraiment dommage que j’aie loupé à l’école !
Cheikh-Tijane-Bathily
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