Réponse à Brahim Ould Boïdaha : Pour rester digne, dites la vérité. |
« L’homme digne d’être écouté est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour dire la vérité et la vertu » Fénelon La destruction massive d'un peuple commence par l'élaboration de théories destinées à gagner les autorités politiques, les masses, et enfin les forces armées. Cette stratégie a déjà été mise en œuvre en Mauritanie par le passé. Aussi, il ne faut avoir aucun complexe à affirmer haut et fort qu’en Mauritanie la violence a toujours été l’apanage du camp des détenteurs du pouvoir et de leurs alliés. A commencer par la Constitution du pays, qui n’est autre qu’un condensé de lois oppressives. Le paroxysme de la brutalité a été atteint lors du génocide de 89-90. Et bien avant les tueries de Walata, elle se manifeste constamment par l’exclusion et la discrimination quotidienne des Noirs. De toutes les méthodes, la plus vicieuse consiste à alimenter les masses de discours préconçus. Nous le vivons de temps à autre : un homme prétendument respectueux sort de sa tanière afin de distiller des sornettes, entretenues par des alliances internes. Ainsi, la publication de l'article Nos maladies et l’heure de la vérité(4) de Brahim Ould Boïdaha dans les colonnes du journal Le Calame produit chez le lecteur avisé un sentiment de déjà-vécu. L’homme, traite les activistes de la composante africaine de « couards » en se basant sur des arguments sans aucun fondement. Affirmation absurde, doublée de malhonnêteté intellectuelle. C’est justement la fuite en avant des intellectuels noirs qui engendre la domination et l’injustice à grande échelle. La peur de se retrouver à Walata ou sur le poteau de la pendaison fait que ceux-ci se préoccupent plus de leur gagne-pain que de dénoncer les dérives du système. Qui a assassiné des intellectuels comme Ten Youssouf Gueye, Djiguo Tapsirou et bien d’autres de leurs contemporains ? Ce sont justement des citoyens qui dénonçaient sur le terrain le racisme de l’Etat. Y-a-t-il plus mensonger que ce discours qui appelle au musellement et à feindre l’unité nationale, niant les inégalités les plus flagrantes ? Si les hommes d’Etat s’abstiennent de rétablir la vérité sur l’histoire du pays, il n’est pas surprenant de voir des pseudo-hommes de culture s’évertuer à distribuer des idées mensongères. Des telles personnes ne s’élèveront jamais contre le « génocide biométrique » en cours. Celui-là dépouille des milliers de Noirs de la nationalité mauritanienne, les transformant ainsi en apatrides. Ould Boïdaha est-il en paix avec sa conscience, lorsqu’il apprend que 80% des jeunes négro-mauritaniens émigrés ne rentrent pas à la fin de leur cycle universitaire, de peur de venir grossir les rangs des chômeurs ? Sans oublier la légitime crainte de la ségrégation raciale. Comment notre écrivain va-t-il réagir en apprenant que le concours d’entrée à la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr (France) n’aura plus lieu en Mauritanie, pour la simple raison que l’Etat-major des forces armées jalouse la réussite systématique des jeunes négro-mauritaniens. Il suffit d’observer également les nominations hebdomadaires en marge des conseils des ministres pour se rendre compte que la représentativité dont parle Ould Boïdaha n’existe que dans son imaginaire. Non, seul l’avenir des fils de ses cousins lui tient à cœur ! Les autres ne sont ni les fils de l’Etat, ni les cousins de quelqu’un pour espérer un poste offert dans le service public. Dire que les Noirs accordent une place considérable au Français au détriment de l’Arabe, c’est ignorer qu’il leur a été imposé par l’ancienne puissance coloniale, comme partout en Afrique par ailleurs. Le peuple noir s’est tout simplement adapté à cette langue à des fins professionnelles et de communication. Concernant la langue arabe, comment est-il parvenu à ranger aux oubliettes le projet d’arabisation à outrance du pays contre lequel des cadres noirs se sont levés dans les années 60 ? Par ailleurs, allez savoir pourquoi les jeunes négro-mauritaniens ayant effectué leur cursus scolaire et universitaire en arabe restent sans emploi et désespèrent complètement de l’Etat… Mais il est pire encore de soutenir que les langues « vernaculaires » constituent un frein pour le développement. Ce propos est une invitation au déracinement culturel et à l’assimilation aveugle. Et la religion dans cette histoire ? Une seule chose est sûre, nous avions crû à l’abolition de l’obscurantisme depuis l’arrivée de l’Islam. Mais, ligne après ligne, les préjugés racistes d’un homme issu d’une grande tribu nous réveillent de notre insouciance. Malheureusement, des élucubrations comme celles d’ Ould Boïdaha font que jamais ni un Soninké, ni un Wolof, ni un Peul n’a occupé le poste de recteur de la grande mosquée de Nouakchott. Encore moins la présidence du Conseil des Oulémas ou le Ministère des affaires islamiques et de l’enseignement originel. On peut comprendre l’ignorance d’un peuple ayant grandi dans le mensonge. En revanche, la logique veut que l’on combatte des penseurs qui induisent leur peuple en erreur. La sortie de Monsieur Ould Boïdaha n’est pas fortuite, elle émane d’une volonté de nuire. La frilosité intellectuelle des racistes a resurgi dès l’annonce du retour de la délégation présidentielle des précurseurs de la lutte noire en Mauritanie. Tous les anciens frères ennemis de ce mouvement politique vont se réarmer, dans le but de courtiser les autorités et d’établir un climat de suspicion autour des leaders du Flam. Une pratique chauvine, usitée de longue date contre ceux de l'Ajd/mr, MR, Plej, IRA, TPMN, ou du Snem. Tout est fait pour accélérer la précarisation de leur lutte ainsi que la marginalisation des cadres noirs dans la fonction publique. On a le droit de s’attaquer aux idées des adversaires, mais insulter tout un peuple est un acte bassement lâche. Maintenant, on aura saisi que la politique de l'accaparement du pouvoir n’est pas tombée du ciel : elle a été, pendant longtemps, l'œuvre des têtes à penser. Qu’il n’oublie pas, cependant, que nos Mandela ont été pendus en plein mois de Ramadan. Si Madiba a eu l’honneur d’être un grand révolutionnaire, c’est sans doute parce que les blancs de l’Afrique du Sud étaient plus humains que Maouiya Oud Sid Ahmed Taya, Arbi Ould Jidein, Ely Ould Mohamed Vall, Ould Megeutt, Ould Hadi et bien d’autres tortionnaires qui se pavanent à Nouakchott. La morale que vous brandissez est insolente, bâtarde et abjecte. Le temps est venu d’opposer un front uni à ceux qui vendent les Noirs en pâture. Les intellectuels qui se respectent doivent signifier à Mohamed Ould Boïdaha et consort que pour rester digne, il faut dire la vérité ou simplement se taire. J’appelle à la convergence et à la résistance. Bâ Sileye Paris - FRANCE
Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. |
Mardi, 24 Septembre 2013 19:08 |