Délinquance féminine : Un phénomène qui prend de l'ampleur |
Notre société est connue pour son conservatisme qui ne donne pas un très grand rôle au sexe réputé " faible ". Elle dit les femmes passives et inoffensives de nature. Mais l'exode rural, la sédentarisation et les technologies nouvelles ont transformé nos moeurs et valeurs morales. La délinquance touche une part grandissante de notre jeunesse, y compris des filles et, même, des femmes majeures. C'est en 1988 que fut instituée la première maison carcérale pour femmes, au sein de Baïla, la vieille prison du Ksar où étaient détenus les délinquants mineurs. En 1992, la prison des femmes, qui ne comptait que dix-huit pensionnaires, fut transférée dans une maison particulière du Ksar ; puis, six ans plus tard, dans un autre du quartier Carrefour où elle demeurera huit années. Actuellement, c'est une grande villa du quartier Sebkha qui abrite les cent-dix détenues de droit commun que compte notre capitale. La délinquance féminine s'est développée de façon si rapide qu'elle avoisine, aujourd'hui, celle des hommes. C'est quotidiennement que des jeunes femmes et filles sont arrêtées. Elles font partie des grands réseaux de banditisme, y jouant, parfois, de grands rôles. Certaines bandes de truands ont leurs complices féminines, incontournables lors des grandes opérations. L'opinion publique n'a jamais oublié " Chemchouma ", la tueuse qui finit par obtenir sa liberté, après avoir accompli un meurtre particulièrement atroce, en 1994. On connaît nombre de femmes voleuses et cambrioleuses ; les arnaqueuses fichées par la police se comptent par dizaines et il ne manque pas, non plus, de celles qui rackettent les hommes, avant de les conduire vers de dangereuses bandes… Une femme subtilise dix mille euros En 2011, une femme d'apparence respectable allait en compagnie d'un officier de l'armée et débarqua soudain chez un marchand de devises au marché Capitale. " Je recherche 10 000 euros pour aller au Maroc ", dit-elle au changeur, " raccompagne-moi à la maison pour que je te remette ton dû. " Croyant faire une bonne affaire, le pauvre commerçant lui remet la somme qu'elle enferme illico dans son sac. Et tous deux de monter dans le véhicule de l'officier. Direction une coquette villa de Tevragh Zeïna où la dame ordonne aux domestiques de servir thé et boisson, le temps d'aller chercher dans sa chambre le montant escompté. Le commerçant n'y voit aucun inconvénient ni malice, rassuré par la présence de l'officier. Mais ce qu'il ne sait pas encore, c'est ce celui-ci vient juste de rencontrer la femme et ne connaît même pas son nom. On devine aisément la suite : la femme s'est discrètement éclipsée de la maison et ne reviendra plus. Il faudra une bonne heure avant que le marchand comprenne qu'il a été roulé dans la farine : la villa n'appartient évidemment pas à l'arnaqueuse, elle s'était présentée aux domestiques en tant qu'amie des propriétaires absents… Le duo Shoutou et Youmma Shoutou, une jeune et svelte voleuse fort connue des fichiers de la police, sévit surtout durant les périodes de fêtes. Le plus souvent en compagnie de sa complice, grosse de taille, dénommée Youma. En général, les deux voleuses profitent des grosses affluences pour opérer dans les grandes boutiques d'articles de luxe. C'est Shoutou la mince qui entre la première, pour distraire les vendeurs, tandis que Youma en profite pour cacher le maximum d'articles sous son burnous. Lorsque Youma n'est pas disponible, Shoutou se charge d'un bébé dont la couverture servira de recel à ses larcins. Cette voleuse vient de terminer son troisième séjour à la prison des femmes. En 2006, juste à la veille d'une fête, elle réussit à voler des dizaines d'articles au marché Capitale. Mais, au moment d'en sortir, la voilà reconnue par un élément de la BRB ! Elle prend aussitôt ses jambes à son cou mais sa volumineuse complice qui portait le butin n'est pas aussi agile et la voilà trahie, dans sa maladroite course, par les habits et chaussures qui tombent un par un. La famille de la jeune délinquante a essayé tous les moyens pour la détourner de ce vice. En vain : elle semble réellement kleptomane… Les arnaqueuses Parmi les nombreuses jeunes nouakchottoises de mauvaises moeurs, certaines profitent des moments de passe pour vider les poches de leurs clients. D'autres essaient de leur soutirer le maximum d'argent par toutes sortes d'arnaques. Dans cette catégorie, la tristement célèbre Ramla qui fit pas mal de victimes parmi les esseulés de Nouakchott. En général, c'est tôt dans la nuit que la dite donzelle se plante sur le trottoir, en quête de sa proie, un homme nanti, selon toute apparence. Une fois embarqué chez elle et proprement déplumé, le pigeon voit surgir le complice dans le rôle du pseudomari jaloux. On imagine aisément la suite… Mais Ramla a parfois croisé des durs à cuire, comme ce jeune homme qui la tabassa lourdement, tandis que le pseudomari filait à l'anglaise. Elle n'eut même pas le temps de se remettre de sa raclée car le jeune homme, une fois la dérouillée flanquée, s'empressa de requérir la police qui vint illico embarquer la fille. Elle a fait plusieurs séjours en prison, elle y dort, d'ailleurs, actuellement. Au même rayon " articles de pêche ", on trouve aussi la salope d'Arafat qui continue à berner les hommes mais, elle, à la barbe et au nez de la police. Une voiture à l'arrêt, un homme seul à bord et hop ! La voilà, visage pieusement voilé, dans le véhicule, menaçant son propriétaire de l'accuser de tentative de viol, s'il ne vide pas, sur le champ, ses poches ! Les hommes mariés, soucieux de ne pas se compromettre, obtempèrent mais rien ne dit, là non plus, qu'elle ne tombe, un de ces quatre, sur un os… La délinquante au poignard Ejah Mint Samba est une fille de vingt-six ans, fichée à la police pour vol à main armée, agression et consommation de drogue. Elle manie fort bien son couteau qui ne la quitte jamais. Membre de diverses grandes bandes, elle ne craint aucun de ses complices mâles. A plusieurs reprises, elle a littéralement cassé la gueule de délinquants qui tentaient de la rouler au marché Thieb-thieb. C'est aux yeux même de la foule qu'elle les a copieusement rossés. Elle a séjourné à plusieurs reprises en prison, elle y séjourne actuellement, elle aussi. Enfin, on rappellera, pour mémoire, ces femmes qui dirigent des réseaux de prostitution où trafics en tous genres, notamment de drogue, battent leur plein : Mariem 4 heures, Fatou Mar, Haby, et Mamma ne cessent de " commercer ", malgré les descentes continues de la police. Le soum-soum coule à flots, avec les bissau-guinéennes Antoinette Jackindi et Rose Nuncio, aux quartiers sud de Nouakchott. Et la liste des délinquantes féminines ne s'arrête, évidemment pas, à ces quelques cas : il y a, vraiment, du souci à se faire… MOSY
source:lecalame
|
Mercredi, 25 Septembre 2013 16:02 |