L’Edito de MFO |
Oublions un moment ceux de nos politiques qui ont manifesté dans les rues de Nouakchott pour apporter leur soutien au président libyen Moammar Kadhafi. Espérons que leur parade n’ait pas de répercussion sur notre communauté installée dans ce pays. Parce que là-bas l’opposition au régime accuse déjà les étrangers – surtout africains – de participer à la répression engagée par les autorités. Oublions un moment les morts de Sanaa, de Manama, de Benghazi… Les troubles que connaissent les pays arabes présentement et qui paraissent être des tentatives de reproduction de la révolution égyptienne.Oublions ceux qui n’ont rien compris à la marche du monde, au déroulement de l’Histoire sous leurs yeux. A commencer par l’administration américaine qui en est encore à opposer son véto à une condamnation de la politique de colonisation (de colonies) en terre palestinienne. A finir par les dirigeants encore au pouvoir depuis 10, 20, 30 et même 40 ans, sans arriver à comprendre que la voix des peuples sera toujours la plus forte, qu’elle sera celle qui dominera la cacophonie ambiante. Oublions un peu le Monde et ses actualités, tristes et moins tristes, prometteuses ou désespérantes… Savez-vous que les députés de l’Assemblée nationale ont, d’un commun accord, rejeté la loi qui se rapporte aux fraudes en électricité ? Une bataille livrée par nos honorables députés et pour laquelle ils ont dépensé de grandes énergies. En pressions, en lobbying, en conciliabules… C’est anodin me direz-vous. Peut-être… si l’on oublie ce que cela coûte à la communauté de payer le manque à gagner pour la société nationale d’électricité qui est volée d’abord par les plus riches dont nos honorables élus. Les plus grands déficit sont occasionnés par les mics-macs des privilégiés et non les arrangements de la population. Ce sont les moins nantis qui payent pour les mieux pourvus. Mais nos députés n’étaient inspirés que par de bonnes intentions en bloquant la loi… Rappelons cependant que ce sont ces mêmes députés qui ont refusé – d’un commun accord – d’adopter la loi sur la transparence de la gestion publique dans sa mouture originelle. Ils ont tenu, bataillé pour que les élus – du moins députés et sénateurs – ne soient pas concernés par la déclaration des biens, base même de la philosophie de la transparence. Rappelons toute l’énergie dépensée, au tout début de la législature, pour améliorer les traitements des élus. Les arguments invoqués, les prétextes utilisés… Rappelons le lobbying opéré pour vider la loi sur les pharmacies de sa substance. Pourtant tous savaient ce que coûtait au peuple mauritanien l’exercice de cette activité par des commerçants obnubilés par le seul souci du gain. Combien de morts, de mutilés causés par la mauvaise médicamentation ? Les marchands de la mort – au même titre que ceux qui vendent les armes ou la drogue – ont bénéficié d’une connivence inespérée de la part du législateur quand l’autorité publique a voulu limiter les dégâts. La collision des intérêts entre la double casquette de représentant du peuple et de commerçant a fait son effet. En effet nous savons que nos députés profitent financièrement – et largement – de leurs statuts d’élus du peuple. Certains plus que les autres. Certains plus évidemment et donc plus vulgairement que les autres. En termes de marchés douteux, de passe-droits, de privilèges indus… Heureusement qu’on arrive à la fin de la législature. Mais qu’est-ce qui peut permettre d’avoir à l’Assemblée des hommes et des femmes moins portés sur les profits personnels ? Comment pourrait-on choisir pour nous des gens de qualité qui n’auront pas à défendre le truand au détriment de leur peuple ? qui n’auront pas à bloquer des lois destinées à réprimer la fraude ? Mais oublions d’ailleurs le Parlement dont le mandat se termine en 2011. Oublions-le comme tout ce qui peut déranger notre fausse quiétude. Sous nos latitudes, les gens détestent tout ce qui peut les amener à réfléchir. Ils n’aiment pas ce qui exige d’eux rigueur et responsabilité. Et c’est pourquoi, tout en étant exigent vis-à-vis de l’autre, ils se plaisent dans la complaisance pour eux-mêmes. Du coup, nous n’aimons pas nous remettre en cause parce que cela peut nous amener à nous déjuger. Il est naturellement plus convenable de se mettre dans la position de celui qui critique sans faire de proposition alternative. C’est plus facile. Cela correspond mieux à notre tendance – presque naturelle – à la paresse. Physique et intellectuelle. Ne soyons pas surpris de nous voir faire le procès d’un responsable ou d’une entreprise pour 20% d’échec, alors que nous affichons une indifférence totale à 100% d’échec. C’est que le dernier nous réconforte dans notre refus de nous améliorer, alors que le premier nous interpelle en nous donnant la preuve que la réussite est possible. Oui, la réussite est même probable quand on y croit. Elle devient certaine quand on la veut et quand on la veut, on la cherche en mettant à profit tous les atouts existants. Et parmi eux celui de la compétence. En réhabilitant la compétence, on pourra oublier tout ce qui inquiète. MFO La Tribune N°538 du 21 février 2011 |
Mardi, 22 Février 2011 09:32 |