Le retour des forces de libération africaines deMauritanie les Flam est sans doute l’un des événements majeurs dans le destin politique de cette organisation dont le nom est associé à un long et dur parcours de combattant.
Quand le pouvoir de Tayavoulait réprimer les noirs de Mauritanie dans le courant des années 86 jusqu’à la fin des années 90, l’argument le plus court utilisé est de l’accuser d’être un flamiste selon le terme consacré à l’époque. C’est à ce prix que des injustices ont touché tous les secteurs de l’administration, de l’armée, des citoyens paisibles dont le seul tort était d’être noir.
Le pouvoir politique ainsi que les nationalistes chauvins se servaient de cette arme redoutable pour réprimer férocement les gens de couleur noire notamment issus de la communauté négro-africaine.
Le nom FLAMS avait donc une connotation péjorative dangereuse. Plus le système politique diabolisait le mouvement, mieux il procédait à des actes odieux de stigmatisation d’une composante nationale qu’il fallait écraser comme des punaises. Les FLAMS renvoyaient dans l’imaginaire de ceux qui le diabolisaient l’image d’un monstre qui traînait partout ses forces maléfiques pour détruire laMauritanie.
Cela a d’une certaine façon renforcé la réputation de cette organisation notamment à l’étranger en donnant à ses combattants une certaine aura d’opposants politiques au régime de l’époque ; mais aussi en confortant les thèses défendues par le mouvement dans le cadre de ses revendications politiques.
Il faut reconnaître aux FLAMS cette persévérance dans l’action et dans la préservation des principes qui soutenaient la philosophie de ce mouvement. Les défis à relever étaient tels que le combat n’était pas de courte durée pour être remporté facilement. On peut être contre cette organisation sans pour autant refuser de lui reconnaître sa constance dans la revendication des droits à la justice, à l’égalité et de la lutte contre le racisme et l’esclavage.
Le Manifeste du négro-mauritanien opprimé constitue un document de haute facture intellectuelle qui n’a pas été étudié par les pouvoirs politiques dans la perspective d’une recherche de solutions consensuelles de règlement des crises identitaires en Mauritanie.
Malheureusement sa publication a suscité un sentiment de repli sur soi et un rejet de l’autre. La rupture était nette à cause des préjugés entretenus par les sirènes de la discorde qui profitaient de la situation de confusion pour dresser les uns contre les autres.
Alors que dans le Manifeste de 1986, les idées véhiculées mettaient en garde contre l’exclusion et l’impérialisme culturel destructeur des autres communautés réduites à une portion insignifiante au plan national. Affaibli et disloqué à cause des divergences plus personnelles qu’idéologiques, les leaders des FLAMS ont commis bien d’erreurs historiques qui ont fragilisé leur combat et décrédibilisé certaines figures de proue de cette organisation.
Comme tout mouvement il y a des hauts et des bas. Le temps a tout de même fini par faire son œuvre pour que la vérité sépare la bonne graine de l’ivraie. L’organisation a perdu une bonne partie de ses cadres sabordés dans d’autres formations politiques.
D’autres déjà rentrés après un combat exténuant avaient opérés d’autres choix. Des symboles inoubliables du mouvements comme Mourtoudo Diop , Saidou Kane , Sy Saghirou sont morts. Le mouvement tente aujourd’hui de se redéployer en Mauritanie après 23 ans d’exil, de nostalgie, de privations.
Le retour de sa direction est un acte de courage et de patriotisme à saluer. Mais il faut se départir de tous les complexes et orgueils pour resserrer les rangs et tendre la main à tous ceux qui veulent faire avancer la lutte pour que triomphent les idéaux de paix et de justice dans le pays.
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie) via: cridem |
Lundi, 30 Septembre 2013 10:25 |