C’est le 22 septembre dernier que le présidentMohamed Ould Abdel Aziz a inauguré un système de pompage test des eaux de pluie dans les Moughataas deSebkha et d’El Mina, les plus touchées par les inondations.
Ce projet réalisé par le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement, en collaboration avec le Génie militaire et la Société nationale des eaux (Snde), se décline sous la forme de 3 kilomètres de canalisation aérienne dotés de 4 pompes chargées d’évacuer 11.000 mètres cubes d’eau par jour vers la mer.
Cette réalisation, bien que saluée par les populations a été cependant l’occasion pour ces dernières de décharger leur trop plein de ressentiments, en critiquant la réaction tardive des autorités face aux malheurs qu’elles ont enduré pendant des semaines.
Mais ce projet commence déjà à être sévèrement critiqué, par des experts géographes qui lui reprochent son caractère rafistolage, mais surtout ses retombées néfastes sur l’environnement.
Ce dernier point a été notamment bien développé par un technicien en la matière qui a indiqué dans un posting sous l’anonymat, que ce « projet d’évacuation des eaux inauguré par le président Aziz à Sebkha et à El Mina, peut entraîner un grand danger pour les populations », soutenant qu’il s’agit simplement d’un projet aux retombées environnementales catastrophiques pour la mer et pour l’homme.
Selon lui, les eaux de mer que l’on est entrain de pomper vers l’océan sont déjà très polluées et contiennent toutes sortes d’huile, des rebuts de fosses sceptiques, des produits toxiques, ce qui va indubitablement, selon lui, polluer la plage et l’environnement marin. Selon l’expert (anonyme), les eaux de pluie que le projet ambitionne de dégager devaient d’abord être filtrées pour isoler les matières toxiques avant leur drainage vers la mer.
D’où l’effroi qu’il dit avoir ressenti en voyant le Chef de l’Etat superviser en personne ce qu’il appelle « projet de la mort » et voir tout le folklore organisé autour de cet événement et que les laudateurs attitrés considèrent déjà comme la plus grande réalisation des temps actuels. Pour lui, ce projet est un « génocide officiel de la ville de Nouakchott, de ses plages et de ses populations côtières », une arme de destruction massive dirigée contre son environnement marin.
Le reproche ne s’adresserait pas au Chef de l’Etat, qui peut ignorer tous ces aspects, mais plutôt aux cadres des départements concernés, notamment les ingénieurs du département de l’Hydraulique et les environnementalistes du Ministère délégué chargé de l’Environnement, pour leur silence coupable et lâche, ou tout simplement, pour leur ignorance académique.
Dans ce cadre, un article intéressant sous la plume du confrère Cheikh Tidjane Bathily de « Leydam-info », intitulé « Ces gens-là : les surdoués s’attaquent aux eaux de pluie ! », constitue une bonne contribution à la réflexion.
Même s’il le fait sous le ton de l’ironie et du sarcasme, s’inspirant de sa référence, San Antonio, l’idée d’un projet plus rentable et valorisé doit interpeller les décideurs. En effet, c’est un non sens que de jeter l’eau de ruissellement des pluies à la mer, comme on jetterait des pierres sur la Montagne. Le geste est forcément et à terme, nuisible pour l’environnement et les populations.
D’où l’intérêt d’un projet plus utilitaire et moins pollueur qui consisterait, comme suggéré par nombre d’observateurs, de diriger ces eaux de pluie vers des bassins de rétention qui pourraient servir pour la fixation des dunes, le développement du maraîchage, où l’arrosage des milliers d’arbustes destinés à fixer la ceinture verte de Nouakchott.
JOB
Source : L'Authentique (Mauritanie)
cridem |