L’histoire ne cesse de reproduire ses clichés chez nous dès qu’on est devant un événement qui engage le destin des mauritaniens.
On croyait que la page des mises en scène était à moitié refermée après tout ce qui eut été dit par ceux qui prétendent rectifier les erreurs du passé en apportant leurs recettes- miracles à nos problèmes. Mais à mesure que le temps passe, les faits résistent à la volonté des hommes qui avaient promis que désormais rien ne sera plus comme avant.
Il n’en est rien de toutes les promesses qui se sont révélées n’être que des mensonges gratuits. Nous avons attendu avec beaucoup d’impatience un certain changement venu des urnes pour espérer sortir de cette longue période d’incertitudes.
Nous n’avons pas demandé qu’il se passe par un coup d’état militaire. Les militaires en ont décidé ainsi. Avec tout de même une rectification du tir par le truchement des urnes. Entre deux mots il fallait choisir le moindre. Entre des élections ayant consacré la victoire d’un militaire putschiste démissionnaire et une transition démocratique aux issues incertaines, les mauritaniens se sont résolus d’aller voter dans l’espoir de limiter les risques.
La victoire d’un homme que rien ne prédisposait à occuper les rênes du pays sera avalisée et reconnue par la communauté internationale comme étant la solution de sortie du chaos qui couvait sur les institutions de la république.
Si les résultats obtenus par les votes ont au départ suscité une certaine colère de la part des challengers de poids, ils ont été certifiés conformes aux normes démocratiques avec la bénédiction des observateurs nationaux et internationaux.
Mohamed Ould Abdel Aziz avait donc les coudées franches pour corriger rapidement les imperfections en s’ouvrant à ses adversaires qui n’arrêtaient pas de ruminer leurs regrets avant de revisiter les accords de Dakar. Au lieu de cela, il a préféré s’attaquer à des questions certes importantes mais pas avec l’élégance requise. Il a laissé peu à peu la crise s’installer avec comme seuls remparts des journées de concertations qui provoquent toujours la consternation de ses opposants.
Pendant tout ce temps les élections municipales et législatives étaient repoussées en raison des vagues de contestations attisées par le printemps arabe. Le citoyen était abandonné à ses propres illusions sur un processus démocratique qui n’avait pas agencé tous les files de sa trame.
Les mauritaniens attendaient sans savoir si le retour aux urnes allait se faire sur des bases correctes. Le choix ne revenait pas au peuple pour se situer sur un cadre temporel. Tout ce qu’on leur demande c’est de voter un scrutin dont l’organisation est du ressort d’une ceni désignée pour superviser les opérations. Mais si voter un devoir citoyen, s’abstenir, c’est aussi un choix.
Dans la situation actuelle où on s’achemine vers des élections municipales et législatives dans des conditions pas assez nettes, les électeurs seront confrontés non pas à un problème de choix mais à une saturation dans l’accomplissement des votes : avec quatre bulletins équivalent à quatre opérations le citoyen est appelé à mettre dans l’urne un carton municipal , trois législatifs ( liste nationale , liste des femmes , liste départementale) avec toutes les erreurs qui attendent des masses populaires majoritairement ignorantes ou mal sensibilisées sur les opérations de vote.
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie)
cridem |
Lundi, 21 Octobre 2013 13:24 |