Les Mauritaniens aiment le jeu. En politique. Tout le monde triche. Accepte des règles de jeu aux contours flous.
Autant dire une absence de règles. Un jeu à quitte ou double. Depuis que les Mauritaniens ont découvert les subtilités de la démocratie qu’ils ont très vite assimilée à un « jeu de Blancs », donc n’engageant personne de façon sérieuse. Ce qui compte, c’est d’avoir les moyens de sa politique. Etre le plus fort. Ou le plus rusé.
A ce jeu là, seul le président Aziz a, jusque-là, gagné toutes ses parties. Contre toutes les adversaires en présence. Y compris son propre camp qui ne parvient pas encore à comprendre ses vrais désirs et volonté.
Il avait commencé, en 2005, par décréter la mort du Père. Le coup d’Etat contre Taya avait été présenté non pas comme une énième révolution de palais qui consacre la Mauritanie comme le pays le plus capé en la matière sur le continent africain, mais plus qu’un « redressement », plus qu’un « salut » : une rédemption. Aziz « se lave » ainsi de la vingtaine d’années passées aux côtés du dictateur Taya en tant qu’aide de camp ou commandant de la Garde Présidentielle (Basep).
Les mauritaniens n’étaient pas dupes mais ils aimaient le jeu, je vous l’ai dit. Depuis trente ans, ils accompagnent tout changement de régime par des marches de soutien « spontanées » qui traduisent parfaitement le souci de continuité du Système. « Le roi est mort, vive le roi ». Ou plutôt : le président est parti, vive le président ! Personne ne s’étonne que les premiers à sortir dans les « marches de soutien » au nouveau pouvoir soient ceux-là même qui juraient fidélité à celui qu’il venait de déloger. Ce n’était qu’un jeu, je vous le répète. Il reprend avec de nouveaux acteurs, c’est tout. Le décor ne change pas. Les spectateurs – le peuple – acceptent de rester encore pour suivre cette nouvelle partie. Les paris sont relancés. Les militaires s’installent ; il en est ainsi depuis 1978. Ils assurent. Et rassurent. La politique reprend ses droits. On rejoue. Transition. Concertation. Elections. Jeu. A quitte ou double. Trichez, c’est permis messieurs.
Les militaires font semblant d’organiser des élections « libres et transparentes » avant de regagner leurs casernes. Mais sous la table, ils manoeuvrent pour garder la main. Par « président qui rassure » interposé. Des civils mis au parfum de cette combine politico-militaire, acceptent de jouer le jeu. De toutes les façons, Daddah ou Sidioca, « mbourou fof ko farine », comme disent nos frères pulaar . Ils sont tous deux de la « génération des indépendances ». Ils ont pratiquement le même âge. Ils furent ministres dans les années 60-70. Ils appartiennent à des familles maraboutiques du centre du pays. Mais le plus important est que celui allait gagner les élections de 2007 avait peu de chance de se représenter en 2012. Un argument qui a pesé fort dans la balance pour que les hommes politiques ambitieux . acceptent de jouer le jeu des militaires. Sans avoir le choix des armes.
C'est tout cela qui explique l'anarchie politique que nous obsevons aujourd'hui, sans savoir qui est qui ou qui fait quoi. le changement, en fait, c'est ce "désordre constructif" qui accompagnera, inéluctablement, les futures élections municipales et législatives.
elhourriya |