La Coordination de l’Opposition démocratique (COD) a marché mercredi dernier dans les rues du centre ville de Nouakchott. De la nouvelle maison des Jeunes jusqu’aux bureaux de la Wilaya.

 Elle avait attiré du monde. Beaucoup de monde. Personne ne s’attendait  à une telle réussite à cause du désenchantement général de l’opinion par rapport à la COD. Particulièrement après l’échec de son mot d’ordre du Rahil (déguerpissement du président), lancé à la  va-vite en 2011 dans la foulée des printemps arabes. D’ailleurs les activités organisées par la COD avant sa dernière marche dans la capitale étaient carrément des échecs,  eu égard aux masses  qu’elle parvenait difficilement à mobiliser. Après le départ du parti Tawassoul de la COD –ou du moins, aime-t-on le dire là-bas, la suspension de ses activités dans la coalition jusqu’à la fin des élections en cours-, les observateurs de la vie politique nationale prévoyaient presque tous une nouvelle déroute de la Coalition de l’opposition. Ou du moins l’organisation d’une manifestation qui ne ferait pas date dans les annales de la contestation dans le pays.

Au finish, c’était la surprise pour tout le monde. La COD avait réussi en effet ce jour là à mobiliser des dizaines de milliers d’habitants de Nouakchott. Surtout des adultes qui semblaient convaincus de la justesse de leur cause et déterminés à exprimer, dans l’ordre, leur volonté de s’opposer à l’organisation d’élections qu’ils estiment ‘’pipées’’ d’avance. Certains continuent de s’interroger encore sur les raisons de la réussite de la marche de l’opinion et sur l’apport réel qu’apportait Tawassoul à la Coalition. La non participation de ce grand parti d’opposition, désormais accrédité d’une forte présence au sein de l’opinion, n’a été vraiment sentie à aucun niveau  de la mobilisation des troupes de l’opposition. Une donne qui laisse perplexe encore beaucoup de monde, même s’il faut encore attendre les résultats des prochaines consultations électorales pour pouvoir disposer d’indicateurs sur le poids du parti islamiste sur le terrain… Mais au-delà de la réussite de la marche de la COD, beaucoup d’interrogations demeurent posées quant à l’exploitation que fera l’opposition de ce succès. Est-ce qu’elle va baisser les bras et se suffire de ruminer longtemps cette victoire ou est-ce qu’elle sera plutôt dopée et continuera la mobilisation à travers d’autres actions spectaculaires… Il est peut être prématuré d’évoquer les actions que la COD compte mener dans le cadre de son boycott actif, mais il faut accepter tout de même que sa marge de manœuvre est plus ou moins réduite. Surtout que, chez nous, les gens apprécient très modérément  de participer à des activités franchement hostiles au pouvoir.  Surtout si les résultats tardent à tomber. Et c’est là, malheureusement, le défaut des limites de l’engagement politique qui a fait échouer tous les combats en Mauritanie. La COD est-elle armée pour échapper à cette règle ? Difficile à dire, d’autant plus que son combat pour faire échouer l’agenda électoral doit expirer avec la fin des élections. Quelles seront à ce moment les perspectives pour elle ? That’s a question !

© R.M.I

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