Trois jours à Oualata (1) |
L’affiche annonçant le festival (photo PB) Cela n’a pas empêché le gouvernement mauritanien d’organiser, en partenariat avec le voyagiste Point Afrique de Maurice Freund, un séjour de trois jours pour des touristes et des journalistes (200 personnes), à l’occasion du quatrième festival des villes anciennes qui se tenait cette année du 13 au 18 janvier à Oualata. Un convoi accompagné par des hommes en armes, à l’aller comme au retour(Photo PB) Parti en charter de Paris, tout ce petit monde est arrivé à Néma d’où il a été conduit en 4 X 4 sous bonne escorte militaire jusqu’à Oualata. Les tentes avaient été dressées dans la plaine en contrebas de Oualata (Photo PB) Sur place, un village de tentes avait été dressé pour la circonstance. Ce campement était gardé aussi par des soldats en arme. Pour le gouvernement mauritanien, c’était l’occasion de faire la promotion du tourisme dans son pays (c’est d’ailleurs lui a payé le transport aérien des 200 voyageurs, transport finalement effectué par Air Mauritanie après qu’une polémique locale ait conduit les autorités à abandonner une solution moins onéreuse au profit de la compagnie nationale); pour Point Afrique, c’était l’occasion de montrer que le franc-tireur du tourisme alternatif n’était pas fini, malgré ses difficultés depuis que les portes du Sud-algérien, du Niger et du Mali sont fermées au tourisme. Et que, en prenant des précautions, le tourisme reste possible dans certaines zones du Sahel, en dépit du principe de précaution que met en avant le ministère des affaires étrangères dans ses « conseils aux voyageurs ». Le marché aux moutons (Photo PB) Pour les habitants de Oualata et des environs, c’était l’occasion, une fois encore, de se livrer à quelques-unes de leurs festivités préférées : courses de chameau, exercices de tirs et autres épreuves sportives. Bien entendu, à l’occasion de ce festival, Oualata a accueilli également un marché aux bestiaux très actifs, où se négociaient des moutons et des chèvres. Le dromadaire, un animal particulièrement bien adapté aux conditions de vie du désert (Photo PB) Mais aussi des dromadaires. Pour les habitants de cette ville aux portes du désert, et bien entendu pour les nomades des environs, les dromadaires sont des animaux de selle comme de bât. Les nomades se déplacent fréquemment en dromadaire. Et s’il n’est rare de voir des caravane, il est aussi très fréquent de voir ces animaux en liberté. Oualata et les maisons peintes qui sont sa marque (Photo PB) Au delà de l’opération de communication réalisée conjointement par la Mauritanie et par le Point Afrique à l’occasion de ce festival, il faut dire que Oualata est une ville d’une beauté époustouflante, fascinante. C’est témoignage précieux de l’architecture sahélienne du Moyen-âge. Cela explique que la cité ait été classée par l’Unesco dès 1996, comme les autres villes anciennes de Mauritanie : Chinguetti, Ouadane et Tichitt, elles aussi menacées par l’usure du temps, l’abandon, l’avancée du désert. La mosquée au minaret carré de OUalata, vu de la colline au dessus de la ville (Photo PB) Jadis, Oualata était un centre d’études islamiques réputé (photo PB) Des manuscrits sacrés, aussi précieux qu’anciens, sont conservés à Oualata, à la bibliothèque publique mais aussi dans quelques familles (photo PB) Si aujourd’hui, Oualata ne compte peut être pas 2000 habitants et si une partie de ses maisons tombent en ruine, elle était, jadis, un important centre d’études islamiques aux portes du Sahel. D’ailleurs, la ville conserve encore dans ses bibliothèques -outre la bibliothèque publique, Oualata compte plusieurs bibliothèques privées appartenant à des familles de notables- des milliers de manuscrits, le plus souvent des écrits coraniques précieux commentant le coran ou les dires (hadith) du prophète. Sur les rayonnages, ces ouvrages couverts de cuir patiné et élimé par le temps, voisinent parfois avec des registres officiels qui datent de la colonisation française. Bien qu’une bonne partie de ces manuscrits anciens soit regroupée dans la bibliothèque publique, les outils pour les conserver restent rudimentaires : de simples commodes à tiroirs. Hélas, semble-t-il, pas de contrôle de hygrométrie. Du moins, ces manuscrits ont-ils pu être répertoriés et numérotés grâce à une aide financière de l’Espagne. Les façades sont peintes par les femmes (photo PB) Toutes peintes et toutes différentes, les façades et les portes de Oualata (Photo PB) Un autre motif encore (Photo PB) Le patio d’une maison. A droite, l’escalier qui permet de monter à l’étage et sur la terrasse (photo PB) L’intérieur de certaines maisons est également soigneusement décoré (photo PB) A son apogée, au XVe siècle, Oualata était une étape saharienne quasi obligée pour les caravaniers et les lettrés. Aujourd’hui, elle est célèbre dans le monde entier notamment grâce au tour de ses portes et à ses façades peintes par les femmes.Toutes les façades se ressemblent et toutes sont différentes. Les patios des maisons, surtout celles des notables sans doute, sont également savamment décorées. L’intérieur de certaines maisons l’est également, très soigneusement. Les environs de Oualata, vu du fort qui domine la ville : le désert, jusqu’au bout de l’horizon (photo PB) Un nomade sur les hauteurs de Oualata (photo PB)
Autour de Oualata, c’est le début du désert, le royaume du sable, des dunes parfois ocres, parfois jaune pâle, parfois tout à fait blanches, des acacias, des herbes jaunies par le soleil, des cailloux. Celui des nomades aussi qui continuent à mener un mode de vie assez traditionnel, ce qui n’empêche pas certains d’entre eux d’avoir aussi des iphone et des 4×4. Le Sahara et le Sahel sont un étonnant mélange de tradition et de modernité qui, ma foi, ne font pas si mauvais ménage.
PAULA BOYER source: http://voyage.blogs.la-croix.com |
Jeudi, 23 Janvier 2014 14:08 |