Education nationale : la clé de la cohabitation en Mauritanie |
Les programmes d’ajustement structurel imposés par les bailleurs de fonds en l’occurrence les institutions financières internationales furent des instruments qui ont été utilisés par les pays créanciers pour obliger les pays pauvres à réduire leurs dépenses en matière d’éducation et de santé qui constituaient et continuent d’être des poches de dépenses énormes pour les pays en développement... ... bien vrai que des études ont prouvés que seul l’investissement dans l’éducation peut sortir les pays pauvres du cercle vicieux de la pauvreté. Mais pourquoi certains pays pauvres qui ont réduit de façon considérable leurs dépenses dans le secteur de l’éducation continuent à se doter d’un enseignement de qualité ? Les pouvoirs qui se sont succédé en Mauritanie ont toujours utilisé la question de la langue d’enseignement comme une arme politique qui a fini par créer deux Mauritanie et d’avoir des citoyens qui se regardent en chiens de faïence. Poussés par les nationalistes arabes, ces régimes sans exception ont procédé à des reformes du système éducatif loin de toute équité et de toute égalité de chance entre les différentes composantes ethniques du pays. L’expérience de l’expérimentation des langues nationales en vue de leur insertion dans le système éducatif malgré très concluante a été renvoyé aux calendres grecques. L’institut des langues nationales qui était un espoir de voir un jour ces langues développées a été dissout pour être enterrées à l’université. Ce n’est un secret pour personne que les régimes qui se sont succédés en Mauritanie avaient comme objectif l’exclusion pure et simple des communautés negro-mauritaniennes en multipliant des reformes pour arabiser purement et simplement le système et en tirer le maximum de profit. La constitution actuelle de la Mauritanie copiée sur celle de la France et modelée pour l’ancrage de l’Arabe dans le pays et qui est loin d’être votée par les noirs de la Mauritanie n’est pas étrangère à ce que nous vivons aujourd’hui dans le pays. Un système non basé sur l’égalité des chances entre les enfants de tout bord ethnique est arbitraire et prône un favoritisme qui crève les yeux. Ce système qui oblige un enfant Peul, Soninké et Wolof à commencer sa scolarité avec un enfant Beydane et que l’Arabe constitue la langue d’enseignement manque d’équité. Les décideurs ont toujours utilisé l’Islam pour faire leur propagande politique et faire légitimer leurs décisions par rapport à la question de la langue d’enseignement. Certes, l’islam constitue la religion de tous les mauritaniens et tous les mauritaniens doivent apprendre l’Arabe mais à des fins religieux seulement s’ils ne peuvent pas approcher Allah par leur langue maternelle. Il est loin de l’objectif de cette précédente déclaration de prôner la laïcité en Mauritanie mais c’est juste pour souligner les ruses des décideurs et leur subtilité afin de faire avaler cette pilule amère aux esprits faibles. Les noirs de la Mauritanie n’ont jamais eu aucun doute que l’Islam constitue le ciment fédérateur de toutes les composantes ethniques du pays et par ricochet n’ont jamais refusé l’Arabe en tant que langue mais se sont toujours et continueront à se dresser pour réfuter l’Arabe en tant que moyen d’exclusion et d’assimilation. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, depuis on arrivée au pouvoir n’a cessé de marteler que notre système éducatif est agonisant et qu’il n’était pas adapté ni au marché de l’emploi ni aux exigences du siècle, des états généraux sur l’éducation et la formation ont été organisés mais les résultats ne semblent pas satisfaisants, manque de volonté ou défaut de compétences nationales. Malgré la volonté politique du Président, le système semble têtu. Ni le partage du pouvoir, ni la redistribution équitable des richesses provenant de la croissance économique, ni la création des filets de sécurité sociale généralisée qui peuvent être des revendications légitimes de certains ne seraient salutaires si les décisions, les mouvements et les tendances souvent utopiques prônant des ancrages identitaires des extrêmes ne sont matés de façon rigoureuse et sincère afin d’éduquer le citoyen sur le fait que l’éducation constitue la clé de l’édification des sociétés modernes capables de concilier liberté individuelle et sentiment d’appartenance et en mesure de conjuguer progrès, justice et démocratie. Un consensus politique est nécessaire pour reformer notre système éducatif et éviter de cumuler de nouveaux retards La Mauritanie, à l’instar de beaucoup de pays en développement fait face à l’onde de choc de la mondialisation qu’on le veuille ou pas, le monde est en pleine métamorphose et les systèmes d’enseignement et de formation nationaux doivent se remettre en cause de façon permanente pour répondre à des nouveaux besoins. La Mauritanie ou les décideurs politiques mauritaniens et plus particulièrement les concepteurs et planificateurs de l’éducation nationale doivent savoir que la globalisation de l’économie et l’avènement de nouvelles technologies de l’information et de communication est incontournable et par conséquent mettre en place un système d’éducation publique basée sur l’équité sociale afin que se système soit amarré de façon définitive au développement du savoir et de la technologie. La classe politique est entrain de murmurer un autre dialogue politique afin d’apaiser la situation politique très tendue pour s’entendre sur l’organisation des prochaines élections présidentielles qui avancent à petits pas de façon apaisée pour éviter tout dérapage. Nous constatons que le pays vit des moments très bouillonnant à cause de certains politiciens dont le souci n’est autre que la satisfaction de leur libido et agenda politique en mettant la Mauritanie et son avenir dans le placard. Le mal de la Mauritanie réside dans son système éducatif qui a échoué dans la construction d’un citoyen mauritanien ayant une culture d’équité, d’égalité, de partage, de justice, de fraternité et j’en passe. La Mauritanie gagnerait énormément si cette question est discutée sans tabou dans ce dialogue politique pour apporter une solution que je ne dirai pas définitive mais consensuelle et favorable à tous les mauritaniens au lieu de perdre du temps à débattre des questions purement électoralistes. Nous souhaitons une bonne chance à Monsieur Ba Ousmane, le nouveau locataire de l’éducation nationale afin de dégraisser ce mammouth et donner un grand coup sur la fourmilière. Mettre l’accent sur l’éducation de base, la formation initiale et le recyclage des enseignants, la révision des programmes, le pilotage, la gestion prévisionnelle des ressources humaines, le duel public privé entre autres seront des pistes de réflexion. Source : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. |
Samedi, 22 Février 2014 11:50 |