Loupe du 'Le Rénovateur' : Aziz et les Islamistes, qui a peur de l’autre ? |
Le rôle joué par les Oulemas notamment l’érudit Ould Dedew qui a usé de sa sagesse pour ramener à la raison des jeunes Djihadistes enrôlés par Aqmi au nom de la guerre sainte avait atténué pendant quelques temps la crise de confiance entre le Parti de Jémil Ould Mansour et pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz. D’ailleurs bien d’observateurs voyaient se dessiner pendant cette courte période une alliance tacite entre les frères musulmans modérés et le Président Mohamed Ould Abdel Aziz. La COD souffrait souvent dans ses décisions de cette situation au point que des divergences sérieuses entamaient la cohésion au sein de l’alliance sacrée. A plusieurs reprises la COD a frôlé l’éclatement. Le vent du printemps arabe a permis de renforcer l’unité politique dans les rangs des opposants au Président Aziz et du coup à creuser le fossé avec les Islamistes de Tawassoul. A chaque fois que les appels au Rahil sont lancés par la COD les Islamistes sont les têtes de pont des manifestations. La jeunesse du 25 février multipliant les marches et les sit-in comptait des activistes de haute facture de Tawassoul qui se retrouvaient dans les commissariats à chaque rafle policière opérée par les forces de l’ordre. De plus en plus les relations avec les islamistes d’obédience « Mansourienne » se détérioraient les plaçant en positions d’ennemis abattre. De leurs côtés les islamistes faisaient flèches de tout bois pour tenter de mettre le pouvoir en difficulté. Dans les meetings la présence des militants de Tawassoul était toujours la plus spectaculaire. Les discours, les slogans envoyaient des signaux forts au pouvoir. Cette grande capacité d’organisation et de mobilisation du Parti de Jemil renforçait son aura et en même temps faisait peur au pouvoir. L’influence des Islamistes traversait les frontières de la capitale pour gagner tout le pays. Le Parti Tawassoul sortait à chaque occasion ses armes pour défier le pouvoir sans toutefois se faire la moindre illusion sur les conséquences que cela pourrait lui coûter. Dans l’hémicycle les tensions entre les députés de Tawasoul et ceux de la majorité montaient au fil des sessions. Des scènes cocasses s’offraient devant les téléspectateurs qui suivaient les déroulements des activités parlementaires. Jemil Mansour voyait sa personnalité grandir et son autorité se renforcer tant au sein de la COD que dans sa propre formation. Cela se confirma quand il fut plébiscité comme chef de fil de Tawassoul lors du congrès de ce Parti qui fut une véritable démonstration de forces. C’est sans doute cette grande messe qui a vu s’élargir les sphères politiques de ce Parti aux mille et une œuvres caritatives dont les sources de financements ont du mal à être maitrisés par les cercles des renseignements mauritaniens. Tawassoul faisait sentir sa présence dans les milieux défavorisés par des actions de solidarité et en retour tirait les fruits de ses semences. L’illustration de cet investissement atteindra son paroxysme durant les élections passées qui consacra le succès éclatant de Tawassoul. Alors le pouvoir se persuada que les Islamistes étaient devenus la force montante en Mauritanie. (A suivre) Cheikh Tidiane Dia Source : Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie) |
Lundi, 10 Mars 2014 15:21 |