Les arabes, vers « la terre promise » |
Tous les observateurs avaient supposé que « le vent de l’est » qui a soufflé en Afrique ne déracinerait pas les palmeraies arabes. Eh bien voilà qu’il tourbillonne et gagne au combat en chevalier. Le peuple arabe n’a rien fait qui vaille reproche. C’est de cette manière qu'il a choisi de laisser paraître les souffrances, les peines que lui ont causées les dictateurs que nous souhaitons voir mettre le pied à l'étrier.
Il faudrait avoir endurer bien de peines pour combattre avec de tels équipement, de telles armes. Un peuple mal à l'aise ne mérite pas d'être écartelé à quatre chevaux ; mais s'il a été assez hardi pour arriver jusque – là, c'est-à-dire jusqu'a faire don de sa vie, se mettre en péril, c’est qu'il est soucieux de l'honneur, de l'estime de soi. S’il ne perd pas courage, c’est qu'il préfère avoir par la bataille, ce que Kadhafi, Moubarak, Saleh, ... ne sont pas disposés à leur rendre sans combat: la liberté, justice, égalité. Nous ne sommes pas de ceux qui flattent la guerre. Celle-ci a d’affreuses beautés : l’aube qui suit une bataille dévoile toujours des cadavre nus. Le prompt dépouillement des morts après les bombardements est une des plus surprenante laideur de la guerre. Mais les tunisiens on ouvert les portes de la liberté, de la révolte, de la contestation ; on ne peut plus les refermer. Il ne sert à rien d’ajourner des revendications répétées parfaitement accordées à la sensibilité de notre époque. Le peuple reviendra à la charge et son écoeurement aura toujours pour cible les princes - présidents. Cette revendication de l'humanité de l'homme a déjà laissé derrière elle, en Europe, en Amérique, toutes sorte de théocratie, de monarchie, de féodalité. Si vous voulez la situation actuelle du monde arabe est un compte rendu de son histoire politique, sociale faites d'organisation fortement tribalisées se livrant à des combats de reconnaissance mutuelle appelées démocratie. Le mouvement global de l'humanité est un processus cohérent qui s'oriente, en ligne droite, vers cette « fin de l'Histoire » c'est-à-dire la naissance des institutions démocratiques. On a cru pendant des années que les cultures traditionnelles arabe échapperaient à ce cycle d'homogénéisation, qu'elles seraient même incapables de s'inoculer le substrat de la démocratie qu'elles discréditent ipso facto. Les événements politiques actuels épouvantablement violents, destructeurs nous apportent, à travers des rescapés de Tunis de Libye, la confirmation que la sécurité des démocraties correspond mieux à l'aspiration des peuples. L’homme n'est pas seulement désir, raison c'est à dire satisfaction matérielle, niveau de vie élevé ; il est aussi exigence de reconnaissance : il a une dignité, un statut une liberté qui le pousse à réclamer qu'on le traite en adulte, en individu libre et non plus en enfant. Çà me chagrine de voir Kadhafi gaspiller une énergie, qu’il n’en fallait pas perdre, pour fouetter son peuple du haut de sa monture. Sa lance, son écu seront rouillées par sa sueur s'il tient à faire une folie, essayer ses forces contres son peuples. Un peuple qui marche à pleines journées pour approcher, envers et contre tout, un exploit de dignité, d'honneur de gloire reviendra à charge. La rue arabe a compris que les valeurs sont soumises au caprice, à l'humeur du temps. Les mots Roi, émirs, roi des rois, s'effondrent, sonnent creux. Cette vision dépasse n'est plus la voie de la paix, de la prospérité. Le niveau de prospérité matérielle de l'Arabie Saoudite, de la Libye... ne les a pas mis à l'abri de ce qu'on appelle désormais la révolution arabe. C’est dire que la lutte « thymotique », longtemps en butte à des assauts de sa rivale idéologique, la culture féodale, constitue un excellent avertissement à tout ceux qui préfèrent l'aveuglement volontaire à la liberté qui relie profondément. Les arguments de l'histoire universelle de l'humanité, j’espère, finiront par convaincre les agents de l'activité social rétrogradé caractérises par un volonté de céder le trône au fils, que le consensus de la démocratie égalitariste, est l’ultime voie du bonheur collectif. Malheureusement, les vices de l’ivresse collective des dirigeants arabes endiguent vainement la conquête et l'essor planétaire des vertus démocratiques. S’il en est ainsi, c'est que ce système de reconnaissance mutuelle confère des avantages certains, son horizon de possibilité ample satisfait l'infini désir humain. Cet héritage grec attire, parce que tout simplement son homogénéisation moderne supplante la consanguinité hiérarchique d'un ordre aristocratique lié aux privilèges et non au mérite. Les divisions économiques moderne fondées sur l'efficacité fonctionnelle, l’éduction, la diffusion de la culture de consommation tourne le dos aux parades traditionnelles, expression de l’idéologie du sang. Les traits du monde actuel tels que la souveraineté populaire, les organisation professionnelles, les syndicats, la supériorités bureautiques montrent bien que la démocratie effective est la « terre promise », la « bonne nouvelle » de l’humanité.
Sy Alassane Adama Philosophe Source : La Tribune N°542 du 21 mars 2011
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Lundi, 21 Mars 2011 10:47 |