Depuis l’indépendance du pays en 1960, Nouakchott la capitale politique de laMauritanie était sous l’autorité d’un seul gouverneur appelé plus tard Wali. De deux à trois zones urbaines jusqu’aux années 80, la pression d’une urbanisation galopante a porté le nombre actuellement à neufs Moughataa.
L’extension de la ville a augmenté considérablement les besoins vitaux des populations dans tous les services de base. Plus Nouakchott augmente en volume les problèmes de sécurité suivent. Le logement une équation. Les infrastructures existantes demeurent insuffisantes par rapport à l’évolution urbaine.
D’une Moughataa à l’autre, l’occupation de l’espace s’est faite de manière anarchique surtout dans les zones périphériques. Une situation qui pose des problèmes quasi-insolubles. Les distributions anarchiques des terrains, les gazras, les fausses attributions n’ont fait qu’accentuer les crises dans une ville en pleine extension.
La gestion de tous les facteurs sociaux et économiques par un seul Wali devenait anachronique en l’absence d’autres structures techniques autonomes à même de prendre en charge des questions où interfèrent forcément des dimensions administratives et politiques.
Cette superstructure urbaine devenait une lourde machine mal équipée et aux compétences administratives limitées pour assurer une gestion fluide de la capitale. La décentralisation municipale n’est pas venue à bout des problèmes.
L’imbrication des rôles, les conflits de compétence et autres questions mal définies laissaient en suspens des dossiers qui peinent à être réglés. L’unique wilaya de Nouakchott était un foyer de tensions où les problèmes de terrains, l’établissement de pièces administratives drainaient des milliers de visiteurs.
Les walis se succèdent mais les instances administratives restent pendantes. Les autorités constamment confrontés aux problèmes d’occupations illégales de l’espace n’arrivent plus à trouver la bonne méthode pour agir. La responsabilité du Wali n’arrivait pas à solder les problèmes relevant de ses prérogatives.
Finalement le travail à abattre était énorme, les résultats presque nuls. C’est toujours le retour à la case de départ. Nouakchott échappait totalement à toute volonté publique de changer le visage d’une ville tentaculaire.
Sans doute les hautes autorités avaient du mal à s’accommoder d’une telle situation qui a trop duré et qui pose des problèmes récurrents.
En décidant de scinder la ville en trois zones autonome dirigée chacune par un Wali l’Etat entend sans doute décentraliser la gestion jugée trop complexe d’une ville dont les moughataa sont distantes et où l’accès au service administratif pose des difficultés énormes.
Une déconcentration à plusieurs vitesses
Certes cette décision répond aux besoins d’une ville en pleine expansion. Cependant cela ne va pas sans accentuer les disparités sociales, économiques et mêmes politiques entre ces circonscriptions.
Au lieu de favoriser un meilleur mixage socio-économique ces zones risquent de balkaniser davantage les rapports entre les milieux sociaux. Des moughaata comme Riadh, Sebkha et El Mina sont majoritairement occupées par des populations à revenu très modeste, alors que les moughataas de Dar Naim, Toujounine et Arafat sont mieux lotis au plan des infrastructures et des services de base.
De l’autre côté on regroupe des Moughaata plus nanties comme Teyaret, Ksar etTevrag zeina. Une telle répartition aura sans doute des incidences sociales et politiques à long terme. Nouakchott sera divisé en zones de riches, de délinquants , de déshérités. Une sorte de « bantoustisation » dans certains quartiers.
Amadou Diaarra
Source : Le Rénovateur Quotidien
via:cridem |
Mardi, 02 Décembre 2014 13:33 |