L’or gris de la capitale : une bataille sans fin ! |
La terre a toujours été objet de convoitise.Ses enjeux sont grands et les tensions qu’elle suscite immenses.La capitale est livrée entièrement à une guerre de conquête de lopins de terrains. Une bataille qui risque de se poursuivre sans arrêt.Depuis que le président Aziz s’est auto-proclamé président des pauvres, il s’est mis sur le dos tous les habitants des « gazras », des sans abris, des hères et de tous ces éternels chasseurs de l’or gris. La bataille pour la terre reprend de plus belle à chaque fois que l’Etat procède à de nouveaux déblayages d’espaces vagues. Peu importe les zones d’attribution. Les mêmes conquérants reviennent à la charge pour avoir un carré, placer une baraque ou un hangar avant d’entamer la construction d’une pièce une fois que le quartier prend la forme architecturale d’une banlieue. Les banlieusards s’installent dans les nouveaux sites dans des conditions précaires exposés aux intempéries en attendant que l’autorité apporte les services de base. Cela vaut bien un sacrifice se disent ces « terriens ». C’est de cette façon anarchique qu’une évolution urbaine sauvage gagne du terrain à Nouakchott vers des directions infinies. A ce rythme toutes les prévisions seront faussées, en matière de construction de dispensaires, d’écoles, d’installation d’électricité, d’eau etc. Le budget de l’Etat connaîtra toujours des déséquilibres, les disparités entre la capitale et le reste du pays se creuseront davantage. Tous les jours c’est un spectacle désolant qui se créé autour de la présidence, du ministère de l’intérieur, de la Wilaya de Nouakchott. Les attroupements prennent de l’ampleur. Ces derniers jours cette image triste s’incruste partout dans notre vécu, colle à la peau de l’Etat comme un cactus. Les rumeurs sur les attributions de terrain ont rameuté tous ceux qui avaient observé un petit répit dans la conquête de l’or gris. Une folle rumeur a circulé et s’est répandue comme une traînée de poussière soulevée par les démons de la « gazras ». Personne n’a attendu que ce cela soit vérifié pour se lever de son sommeil nocturne pour se diriger au district puis à la présidence. Riches, pauvres, fonctionnaires, chômeurs, civils, militaires, personne n’est resté impassible. Des grappes humaines se forment tout autour des lieux pressentis pour l’inscription. C’est le même mot qui circule comme un leitmotiv : « numrrou » (carré). Mais le problème est que les explications apportées officieusement par personnes interposées n’ont pas suffit pour convaincre. Les services incompétents – c’est le cas de le dire – ne veulent pas dire clairement briser le silence. Ce qui conforte ces demandeurs de terrain dans leur détermination. Le phénomène a pris une ampleur telle que le ministère de tutelle doit apporter un démenti sur ces rumeurs. Et au cas où elle est vraie, le confirmer. Des listes sont en train d’être établies par des mains douteuses. Les rangs s’allongent et les bousculades s’intensifient. Les autorités contactées disent ne pas avoir eu des ordres pour procéder à des attributions ni avoir connaissance des lieux objet de distributions de lots. C’est la confusion totale tant que de façon officielle un haut responsable n’est pas sorti dans les médias officiels pour annoncer que « tout ça n’est que rumeurs … ». Il faut bien dire que la problématique de la terre aiguise de plus en plus d’appétits que le pouvoir s’est fait prendre dans son propre piège. Le président des pauvres a ouvert un tunnel difficile à refermer. A la place de l’assainissement c’est le désordre qui s’est imposé comme la règle souveraine de l’anarchie urbaine. Cheikh Tidiane Dia Source : Le Rénovateur |
Jeudi, 26 Mai 2011 18:00 |