« L’on se baigne pas deux fois dans le même fleuve » martèle le sage Héraclite, lui qui a compris il y a des siècles que l’on ne peut pas remonter le temp. Dans son devenir, Le temps decontextualise les perspectives interprétatives des hommes, dévalorise leurs opinions lesquelles, cessent, par l’écoulement du temps, d’être en phase avec leur environnement, se perdent. Chaque instant est une forme, un ouvrage actionné par la volonté humaine en vue d’emménager le monde, un ancrage qui modèle le monde pour que l’homme s’y sente bien. La valeur est donc reflet du temps, fille du temps, réponse à une sollicitation du temps. Les valeurs sont des points de vues dont le temps est source vive, fondement, il les rend possible.
Le monde bouge, passe d’un état a un autre, du passé vers l’avenir, de la vie à la mort engendrant vieillissement, entropie, ruines, des matières, altération des valeurs : l’irréductibilité rend destructeur. Le niveau technique de l’antiquité a rendu nécessaire la servilité. Celle-ci, à son tour, est rendu caduque par le développement de la technologie. On n’a plus besoin de la traite negriére ; la machine travaille plus que les bras. Chaque valeur réfracte son temps, L’essence de son temps, les principes, les lois de sont temps. En ce sens elle est miroir qui renvoie aux formules rituelles, aux méthode de résolussions des difficultés du temps qui finissent par s’autonomiser, se séparer de leur sol constitutif et devenir supra individuel. C’est pourquoi la morale qui en découle se manifeste dans le comportements, le travail des hommes : le visage de la culture porte l’empreinte de son géniteur : les modes de pensées, les manières de vivre d’un peuple sont le fruit de son activité créative. C’est pourquoi elles sont hors sujets, lettres mortes en dehors de leur contexte. Substrat, génotype, talent d’un peuple, les valeurs subissent le caprice du temps, retombent dans le médiocrité, dans des attitudes abominables. Conformer sa vie à des modèles qui se consument serait dévotion vaine. Nous sommes à cet égard ulcérés de voir une Mauritanie active dans le maintien d’une grande partie des citoyens dans la servilité. Une valeur morte risque d’entraîner dans sa chute un état en formation. C’est à la limite idiote de s’embarrasser dans des difficultés, pour des calculs mesquins, alors que une myriade possibilités d’un vivre ensemble harmonieux fourmillent. absurde n’est ce pas ? La Mauritanien aime manager le contresens, les contrevérité, gérer l’ambiguïté, l’absurde : au sud le « racisme » de caste, le patriotisme de caste refait surface depuis l’avènement de la démocratie. Certaines sont, au nom de cette logique, exclut du jeu démocratique, des postes électifs : le forgeron doit rester forgeron même s’il n’a jamais prit de marteau ! Au nord et à l’est, le chauvinisme tribal, l’alliance tribale mettent hors circuit toute option non conforme à cette perspective. Partout un contresens antique est injustement intégré dans un châssis moderne. A tout point de vue, le pays y met du siens pour se comporter bizarrement paradoxalement contrairement aux réflexions sapiences. Une « aventure ambiguë» transparaît dans la tournure que prend la situation politico social : une aspiration à une Mauritanie mono chlore s’exprime sournoisement, silencieusement dans les concours, les promotions, dans l’administration alors que partout ailleurs la diversité est jugée honorable. Cette posture prend sa source dans nos traditions de dichotomie étanche, de l’immobilisme social, de l’inertie qui induisent un engourdissement. Un fardeau de fatalité ordonne un présent, construit un avenir. Le comportement insensé qui en découle aboutit à une éthnisation de l’état, de l’administration. Un assaut du passé pré esquissant les fins, pré identifiant les cadres réduit à cet égard les possibles ; car l’existence temporelle subit la temporalité. La finitude des valeurs est révélateur d’un impensé ancien emporte par le flux du temp. Quelle raisons a – t – on d’accepter que le « n’être déjà plus », « l’avant », « le jamais plus », décide pour « l’après », le « n’être pas encore » ? En Mauritanie, la grande révolution doit consister a changer notre façon de concevoir le monde. voilà pourquoi, je suis un activiste social, un activiste culturel. Ce que réfléchit notre imaginaire collectif appelle une catharsis collective. Il faut partout des gardes – fous c'est-à-dire des réflexions structurées, des actes détachés de toute motivation secrètement égoïste pour mettre ce pays dans la trajectoire du développement au sens plein du terme. En tout cas, s’évertuer en permanence à adorer pieusement les anciens idoles c'est-à-dire mesurer tout selon les toises de l’ethnie, la tribu, la région, c’est encourager les égoïsme tribaux puérils dans un état multiethnique. Et cela ne nous fait pas avancer. Les mauvaises pratiques ont la vie dure. La raison est en échec lorsqu’elle s’adresse à des caractères conservateurs ou à des hommes vicieux. Mais comment battre en brèche ces dispositions ? L’exigence morale de l’altruisme, le décentrement, acte de générosité, sont éveilleur de conscience ! Ils montrent que le « à moi » ethnique, racial ne bâtit pas un état. Cette entité est à moi mais aussi à un autre. Une dynamique qui va dans le sens de la liquidation de tout ce qui fait émerger le sens de l’état, de la citoyenneté utilise les cadres de la tradition pour faire éclater l’idéal républicain : la défense fanatique d’une culture fatiguée, épuisée menace de mort le destin, le bien commun. Le modèle de société qui ne peut plus s’incarner nous oblige à marcher sur le chemin de nos ancêtres ; il institutionnalise une identité, une unicité qui exige d’être continuée fidèlement. Mais ai-je le droit de subir la pression de ce qui à un moment donné de la vie des ancêtres a pris sens ? Le passée passe un sens, propose une vision que je peux reprendre à mon compte à condition que son approfondissement ou sa restauration serve positivement le projet présent ou futur. Dans le cas contraire, je le laisse derrière moi comme étant toujours mon passé. Dés lors, il ne s’agit plus de le ruminer ou le renier dans un choix fictif mais de le marquer au sceau de mes matrices culturelles présentes. C’est un réservoir dans lequel je peux puiser des leçons de dévouement, de courage, d’abnégation à réinvestir dans la confection de ma patrie. A ton fini d’apprendre ? Peut on considérer que tout est définitivement acquis ? L’humanité de l’homme, sa rectitude, son identité n’est elle pas perpétuellement en construction de crise en crise ? La défense fanatique du passé est renoncement à la logique progressiste qui est ouverture. Malheureusement en Mauritanie les structures des sociétés closes sont encore barbares au sens de montagne : elles ne voient pas un homme, une personne, un être humain mais un Kowri, un Beydan, un Oud x ou y. elles enferment dans une logique communautaire particulière qui ignore la dignité de la personne « d’avant la culture », une dignité originaire. Le jeu aveuglement communautaire n’est pas plasticité, ouverture écoute neutre, participation à l’essence, au visage humain en général. La foi est communautaire ! La vérité est communautaire ! La justice est communautaire. Tout est relatif à... L’indignation partisane devant les événements, internationaux est à ce propos expressif. Le hasard de l’appartenance communautaire qui veut absolutiser dogmatiquement une échelle de valeur, des figures historico- culturelles exclut de son incarnation tout visée étatique. Cet enfermement hétérophobe accord peu de valeur aux droits de l’homme : le culte du tribalisme fait sombrer dans les travers de l’égocentrisme, de l’ethnocentrisme. Emmanuel Levinas a raison de soutenir dans L’HUMANISME DE L’AUTRE HOMME qu’un culture valide , qui mérite le prix Nobel d’excellence, est celle qui rencontre le visage de l’autre avant que la collectivité dise « nous » ou que l’ego dise « je ». Cela aura au moins le mérite de nous mettre à l’abri de l’autre visage de l’absurdité : la barbarie du relativisme culturelle au nom delà quelle les intégristes du tribalisme reproduisent tous les dogmes de la tradition dans la déclinaison mauritanienne de la démocratie.
SY ALASSANE ADAMA PHILOSOPHIE |